Assis sur mon lit, dans ma chambre, Agatha promenait un morceau de coton imbibé d'antiseptique sur ma joue. Sa gifle avait été assez puissante pour m'éclater la peau et à présent je devais serrer les dents pour ne pas grimacer de douleur.
 - C'est pas jolie à voir, constata Agatha.
 - Ce qui est un peu de ta faute tu ne crois pas ? lui demandais-je avec une certaine amertume.
Elle m'infligea une petite tape sur la tête :
 - Je t'ai déjà dit de ne pas me tutoyer, rouspéta-t-elle, je suis ton professeur, pas un de tes potes.
Je levais les yeux au ciel en ricanant.
 - Si tu me tutoie je te tutoie, point, lui affirmais-je.
D'un coup, elle força un peu plus avec son morceau de coton, m'arrachant une grimace de douleur.
 - Aie, pffffff, tu es resté une vraie gamine, grognais-je.
 - Ne crois pas que j'en ai fini avec toi, tu a peut-être réussi à embobiner le directeur mais avec moi ça ne prend pas, affirma-t-elle, pourquoi est-ce que tu as amené ton pote héraut dans l'enceinte de l'école ?
Me rappelant que le directeur de l'école, alerté par l'apparition d'un Zygarde, était venu me voir jusque dans le pensionnat, je poussais une nouvelle grimace. J'avais du lui servir bobards sur bobards pour couvrir mon escapade à l'autel d'Arceus, et bien sure cette fois-ci Agatha ne m'avait pas couvert de bon cœur.
 - Mais je l'ai pas amené ! Il est venu tout seul, expliquais-je, à la recherche d'un certain Arthur Kard...
A ces mots, Agatha arrêta de me tartiner la joue avec de l'antiseptique et releva la tête.
 - Arthur Kard ? Le petit frère de Romain Kard ?
 - Peut-être bien oui, et alors ? demandais-je sans comprendre.
 - Romain Kard est le héraut d'Absolution ! pourquoi crois-tu qu'il veuille retrouver son frère ?
 - Pour le faire chanter ? demandais-je avec scepticisme. Ça n'a pas l'air d'être le genre de ce type Agatha...
Mais elle ne m'écoutais déjà plus, elle avait recommencé son manège avec le morceau de coton, appuyant avec plus de force que nécessaire. Elle regardait la blessure mais je voyais bien que son esprit était ailleurs, d'ailleurs elle me faisait mal.
 - Ah ça suffit, rouspétais-je en écartant sa main. 117 peut très bien me soigner tu sais ?
 - Ton Porygon-Z ? Hors de question, il est bizarre ce pokémon, il pourrait tout aussi bien te soigner que te faire pousser un deuxième nez sur la joue.
Sans l'écouter, j'attrapais mon hyperball, mais elle posa sa main sur la mienne et m’empêcha de continuer.
 - Je t'ai déjà dis non, insista-t-elle, il va encore se poser sur ma tête et il fait de l'électro-statique. La dernière fois j'ai mis trois jours avant de récupérer une coiffure normale !
Soupirant, je cédais et la laissait continuer à me massacrer la joue encore un peu plus.
La regardant pendant qu'elle s'activait, je demandais :
 - A quoi tu penses ?
 - Le héraut d'Equilibrium, tu vas me l'amener, déclara-t-elle.
J'en était sure... pensais-je en soupirant.
 - Pourquoi faire ?
 - J'ai connu les derniers hérauts avant que Pacou ne les pulvérise. C'était peut-être pas des flèches mais au moins ils réfléchissaient avant d'agir. J'ai l'impression que personne n'a a fait de briefing à cet Arkeley...
 - Tu as quel âge Agatha ?
Elle paraissait avoir à peine 26 ans.
 - Cela ne te regarde pas, répondit-elle du tac au tac. En tout cas si ce héraut entend commencer une guerre en se servant du petit, je m'en vais lui apprendre les bonnes manières. Et également à éviter d'impliquer l'école dans leurs histoires stériles, ajouta-elle férocement.
 - Je lui ai passé mon holokit mais il ne m'a pas donné le sien. Et il ne m'a pas contacté depuis qu'il s'est enfui, il a du avoir trop peur de toi, ajoutais-je en ricanant méchamment.
 - Et il fait bien, d'ailleurs toi aussi tu ferais mieux d'avoir peur de moi, dit-elle, des flammes dans les yeux. Tu n'as qu'à chercher Arthur Kard alors, il finira surement par tomber sur Arkeley.
 - Oui... fis-je pensif, Arkeley m'a dit qu'Arthur avait son holokit... mais de toute manière comment je suis censé retrouver un gosse ? Madrigal c'est très grand tu sais ?
 - Oh mais je te rassure, Arthur Kard est un élève de l'école. En revanche c'est un fugueur multi-récidiviste qui va avoir droit à une correction dés qu'il reviendra dans l'enceinte, ajouta-t-elle férocement.
J'eus pitié du pauvre Arthur Kard.
 - Trouve-le, ramène-le à l'école et profites-en pour prendre le numéro d'Arkeley tu veux ? Un gosse en vadrouille dans la nature ne doit pas passer inaperçu, il te suffit d'appeler ton père, il doit surement avoir des informations sur lui.
 - Mais tu crois pas que j'ai autre chose à faire non ?
 - Tu t'intéresse aux histoires de fantôme dans le hall n'est-ce pas ? me demanda-t-elle.
 - Et alors ?
 - Et bien je ne sais pas si elles sont fondées, mais si tu fais ça pour moi, je veux bien t'aiguiller sur quelqu'un qui connaît la vérité, déclara-t-elle avec un sourire triomphant;
 - OK OK, acceptais-je, vaincu. Je peux dormir maintenant ?
Elle me toisa pendant un moment avant de jeter un coup d’œil par la fenêtre : il devait être à peine midi. Finalement elle posa sa main sur mon torse et m'allongea sur mon lit. Puis elle se leva et se dirigea vers la sortie de ma chambre.
 - Dors bien morveux.
Je laissais échapper un grognement.
 - Attend un peu que j'ai les idées claires et on en reparlera vielle mégère.
Un rire cristallin me répondit. Mobilisant mes dernières forces, je sortais 117 de son hyperball. Le porygon-Z repéra immédiatement Agatha et lévita dans sa direction. Tout en m'emmitouflant dans ma couette, j'entendis un horrible juron avant de me retourner vers ma porte. J'aperçus Agatha qui s'enfuyait poursuivi par 117. De bonne humeur, je m'endormis avec délectation.

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