Lorsqu'Ace arriva dans le quartier pauvre d'Irratam grâce à son portail, il fût désorienté. La torpeur habituelle avait laissé place à une grande agitation. Les gens couraient dans tous les sens, se donnant mutuellement des instructions, et des militaires arpentaient les rues, recrutant au passage les quelques hommes qu'ils jugeaient aptes. Ace referma le portail derrière lui, et remonta son capuchon. Il progressa lentement en longeant les murs, suivi de Red et d'Akwakwak. Il ne comprenait rien à cette agitation, mais cela ne lui disait rien qui vaille. Peut-être cela avait-il un lien avec son étrange rêve? Peu importe, il était dans les temps. Hétalia ne devrait pas arriver avant le lendemain, il pouvait donc se permettre de s'organiser calmement. 

En premier lieu, il devait se rendre au QG, afin de récupérer ses affaires, et de vérifier si des contrats étaient disponibles. Cela pourrait être utile lorsqu'il partirait s'entrainer avec Hétalia. Mais pour le moment, Ace tendait l'oreille. Cette agitation n'était pas normale, surtout dans ce quartier morne et laissé pour mort. Il entendait des bribes de phrases par-ci par-là qui ne voulaient pas dire grand chose. Mais bon, il décida de ne pas s'en soucier. Ce qui concernait Absolution ne le concernait pas. De plus, il ne comptait pas rester longtemps.

Ace profita de son trajet vers le QG pour faire le point. Il était agréablement surpris de constater que sa mémoire semblait moins instable. Il arrivait désormais à garder en stock quelques semaines de souvenirs, pas tous clairs, mais c'était déjà ça. De plus, ses crises étaient de plus en plus rares, mais ça c'était normal. C'était par périodes, de façon très irrégulière. 

Soudain, Ace se fît bousculer par un garde d'Absolution.

- Hé toi! Tu peux combattre pas vrai? Lui lança le garde.

Ace releva lentement la tête en direction du garde, et lui adressa son sourire le plus malsain en guise de réponse. Le garde sembla déconcerté mais continua d'insister.

- Tant que tu peux te battre, que tu sois fou importe peu. Continua le garde.

- Et ta mère, elle peut se battre? Répondit Ace.

- Fais attention à ce que tu dis pouilleux! Je préfère te corriger et perdre un soldat!

- Tues-le ce pauvre insolent! Bouffe-lui la gueule! S'exclama Ace

- Du calme, continua-t-il. Tu vois? dit-il à l'attention du garde, il ne voit pas les choses sous le même angle que toi. Tu devrais te tirer vite, très vite, avant qu'il arrête de m'écouter, ajouta Ace en souriant.

Le garde fît un pas en retrait, visiblement perdu, et troublé.

- Espèce de malade. Vraiment que des fous dans ce quartier! Très bien! Je vais te laisser dans ta bouse et j'espère que Palkia va te dévorer! Répondit le garde avant de repartir.

- C'est qui Palkia? Se demanda Ace à haute voix.

Ace haussa les épaules, et fît signe à ses pokémons de reprendre la route. Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent devant le QG. Rien n'avait changé, la même façade glauque et sobre. Ace entra alors dans le bâtiment, en jetant un dernier regard en arrière pour s'assurer qu'il n'avait pas été suivi.

Le bâtiment était presque vide. Et les quelques mercenaires présents jetèrent un regard surpris à Ace. Il ne leur prêta pas attention, et s'avança vers les escaliers menant aux quartiers personnels. La chambre d'Ace se trouvait au troisième et dernier étage de la structure. Elle était sombre et exigüe, sans parler du désordre permanent qui y régnait. Ace n'était pas réputé pour sa capacité à ranger. À peine entré, il jeta sa sacoche sur son matelas, et jeta un coup d'oeil autour de lui, l'air désespéré par le bordel. Il se souvenait vouloir fouiller dans ses archives pour trouver une trace de cette organisation secrète qui lui disait quelque chose. Mais d'abord, il allait redescendre pour s'approprier quelques contrats. Il fît signe à Red et Akwakwak de l'attendre ici, puis sortit de la pièce en refermant la porte derrière lui.

À peine arrivé dans le hall principal, Ace s'arrêta quelques secondes, fixant le sol au pied des marches, comme si cet endroit spécifique lui disait quelque chose. Mais c'était bien trop vague et il décida de ne plus y penser. Sur la gauche du hall, un petit panneau d'affichage résumait les différents contrats disponibles par numéro et lieu, puis, une sorte de guichet miteux, sur sa droite, était tenu par l'intendant qui lui s'occupait de valider les contrats au mercenaire qui les choisissait. 

Pendant qu'Ace observait les contrats disponibles, tout en notant sur un carnet qu'il avait attrapé à la hâte dans sa chambre les lieux concernés afin d'établir un plan de route avec Hétalia, un mercenaire l'interpella:

- Dis donc, je te connais pas toi. T'es nouveau c'est ça? Lui demanda-t-il avec agressivité et mépris.

Ace ne tourna même pas la tête et continua à griffonner sur son carnet, mais tourna les yeux discrètement et rapidement dans sa direction. Le mercenaire en question était plutôt grand et carré. Une balafre sur toute la diagonale de son visage venait authentifier sa valeur de guerrier, et une longue tresse tombait jusqu'au bas de son dos, tandis que les côtés de son crâne étaient rasés. Ace reporta son regard vers le tableau d'affichage, et décida de ne pas répondre, estimant que s'il le faisait, il s'énerverait, et il n'était pas là pour ça. Aujourd'hui, Ace avait la flemme de se battre, il était un peu somnolent, et des cernes recommençaient à se dessiner sur son visage.

- Hé je t'ai parlé! T'as intérêt à répondre sinon je te dégage d'ici! Reprit le mercenaire en haussant le ton.

Ace soupira, mais se força à continuer de l'ignorer quand soudain, une autre voix retentit, plus calme et plus réservée.

- Jack arrête... Tu devrais pas le faire chier. Il est là depuis longtemps, bien plus longtemps que toi. Il ne passe pas très souvent c'est tout...

- Et alors? Répondit Jack. Ça l'empêche de répondre quand on lui parle? Ajouta-t-il en s'avançant encore plus près d'Ace, par provocation.

- Tu devrais pas non plus t'approcher... Il est...bizarre. Il parle presque pas, on sait même pas comment il s'appelle... Mais on sait qu'il en a tué pour moins que ça. Sérieux Jack laisse tomber, viens, on va rejoindre les autres.

Jack grogna son mécontentement, et s'adressa une dernière fois à Ace, qui n'avait toujours pas prêté attention aux paroles dans son dos.

- T'es peut-être bizarre, ou je sais pas quoi, mais moi j'ai déjà égorgé une femme sous les yeux de ses enfants, avant de violer son cadavre encore chaud, toujours sous les yeux de ses gosses, et ensuite de les étriper comme des porcs! 

Jack sembla content de sa tirade, et sourit de satisfaction. Mais Ace ricana, il ne pût s'en empêcher. Il comprenait le plaisir qu'on pouvait tirer de satisfaire la mort, mais pas du viol, surtout pas d'un cadavre. Il répondit donc à Jack, malgré son self-control jusque-là étonnamment efficace.

- Tu violes des cadavres? C'est beau. Laisse moi te regarder. 

Ace tourna alors la tête vers Jack, et l'observa d'un regard empli de folie, partagé entre l'envie de le tuer dans la plus grande violence, et l'envie de le torturer psychologiquement, tout simplement. Son sourire était aussi malsain et sadique que d'habitude lorsqu'il croisa le regard de Jack qui, eut soudainement l'air moins sûr de lui.

- Je comprends mieux. Quel sex appeal mec. Tu ferais fureur au cimetière cosmopolite. Espèce de tocard violeur de Rattata. Tire-toi. Tu m'emmerdes. Avec ta natte de pédale. Enchaîna Ace avant de reporter son attention sur le tableau d'affichage comme si de rien n'était.

Jack semblait bouillir de rage. Il commença à lever la main, avec la claire intention de frapper Ace, qui lui tournait de nouveau le dos, serein. Mais juste avant que Jack ne porte son coup, un grognement énorme retentît dans le hall. Jack se tourna en direction de l'origine de ce cri, et découvrit un Ossatueur, l'air plus enragé que jamais. 

Red était descendu, sûrement curieux, ou peut-être s'ennuyait-il tout simplement. Mais voir quelqu'un tenter d'agresser son maître dans son dos l'avait mis hors de lui. Ses yeux brillaient de fureur, tandis que Jack semblait paralysé, ne sachant plus que faire dans cette situation. Soudain, Ace se tourna, et s'avança en direction de Red, toujours aussi calme.

- Du calme Red, tu vois bien que ce mec porte une natte? Il allait pas me faire de mal voyons. Ajouta-t-il avec un sourire. Allez range ton os, on remonte, on a des choses à préparer. 

Red se calma avec difficulté, le regard toujours fixé sur Jack, qui restait silencieux et immobile, mais semblait lui aussi toujours très énervé.

- Et que quelqu'un dise à cet imbécile rester tranquille. Lança Ace à l'attention des quelques personnes ayant assisté à la scène. Je suis de bonne humeur aujourd'hui, mais demain est un autre jour.

Ace remonta alors les marches en direction de sa chambre, en rangeant son carnet dans sa poche, tandis que Red adressa un dernier regard hargneux en direction de Jack, avant de suivre son maître, l'air frustré.

Ace pénétra de nouveau dans sa chambre, suivi par Red. Il se jeta sur son lit, gênant ainsi Akwakwak qui y faisait un petit somme, confortablement installé. Red vint se mettre en boule à ses pieds, tandis qu'Akwakwak se repositionnait en lui tournant le dos. Ace attrapa son carnet dans sa poche, et relut ses notes concernant les contrats disponibles. Il avait l'embarras du choix. Le marché était florissant, et les demandes de meurtre pleuvaient. Ace pensa qu'il aimerait bien en profiter pour explorer certaines zones, son désir de découvrir un nouveau monde étant toujours présent dans un coin de sa tête. Mais le temps n'était peut-être pas encore à l'exploration. Pour le moment il devait choisir ses contrats. Trois attiraient son attention. Un, au désert des trois cobras. Il s'agissait principalement d'une mission de recherche. Deux enfants avaient disparus. En soi, l'affaire n'était pas palpitante, mais la zone dans laquelle elle prenait place pouvait se révéler intéressante, il n'avait pas souvenir d'y avoir un jour mis les pieds. Un autre se trouvait à la percée du Golem. Un pokémon semblait terroriser les villageois se trouvant dans la région, mais aucune description. La curiosité l'incita à retenir celui-ci. Enfin, le dernier contrat se trouvait au Fort-Finistère, un port animé de la Ligue. Il s'agissait d'une demande d'assassinat classique. Mais le fait qu'il se trouve en plein territoire de la Ligue ajoutait du piment à l'affaire, et ce serait surement très amusant. Sans compter que ce serait un bon entraînement pour Hétalia.

Après avoir choisi ses contrats, Ace se releva, et s'étira longuement, faisant ainsi craquer ses os du dos, et de la nuque. Il parcourut la pièce des yeux, et réalisa qu'il n'avait pas de carte de Madrigal. Peut-être serait-ce le bon moment d'y remédier. Il se dirigea alors vers la seule table de sa chambre, et jeta à terre tout ce qui se trouvait dessus. Il attrapa ensuite un crayon et une grande feuille dans le fouillis qu'il venait de créer, et se mit à la tâche. 

Alors que Red et Akwakwak s'étaient endormis, Ace acheva sa carte, près de vingt minutes plus tard. Ce n'était pas très séduisant, mais ça ferait l'affaire. Le plus dur fût de regrouper les informations dont il disposait dans ses notes concernant les différents lieux importants. Ace n'était en effet pas en mesure de faire ce genre de choses de mémoire. Après avoir terminé, Ace jeta un coup d'oeil à ses deux pokémons endormis. Le crâne en os de Red était devenu rouge, bien que délavé, à cause de tout le sang qui avait giclé dessus au fil des années. Ace tenta de se remémorer leur rencontre, mais sans succès. Puis il se mit à penser à Ectoplasma, et décida de tenter une première approche. Il se leva, et se dirigea vers sa sacoche posée sur le lit, avant d'en sortir la ball contenant Ectoplasma. Il le fit sortir nonchalamment, réveillant ainsi Red qui ouvrit un oeil, l'air attentif.

Ectoplasma sortit de sa ball, et hurla immédiatement, son cri résonnant dans toute l'enceinte du bâtiment. Comme Ace l'avait prédit, il n'était pas content. Il se jeta alors sur Ace, en riant comme démon. Mais avant même que Ace ne puisse réagir, un os vint frapper Ectoplasma de plein fouet, stoppant ainsi son élan. Red s'était relevé, et avait utilisé Os'Merang. Une bonne intuition pensa Ace, car c'est la seule attaque de type sol qui soit efficace contre la capacité de lévitation d'Ectoplasma. Ectoplasma se releva instantanément, mais sembla plus calme, plus prudent probablement.

- Tu dois m'excuser. Dit Ace à l'attention d'Ectoplasma. Mais j'ai pas eu le temps de m'occuper de toi dernièrement.

Ectoplasma plongea son regard de démon aux yeux rouges dans celui d'Ace puis grogna doucement, mais avec agressivité.

- J'adore ton attitude. Continua Ace. Mais tu sais j'aime pas trop me trimballer avec des pokéballs et m'en servir comme un jeune puceau à peine sorti de l'école fractale. Je préfère que mon équipe soit libre et indépendante, j'aime pas cette responsabilité.

Ectoplasma semblait écouter attentivement, mais son regard se posait régulièrement sur Red et Akwakwak, qu'il surveillait du coin de l'oeil.

- Alors regarde. T'as deux choix maintenant. Soit tu restes avec moi, mais en dehors de ta ball, libre et indépendant tout en assurant les arrières de tes nouveaux potes. Soit tu pars maintenant, et tu continues de vivre ta vie stupide au château ou ailleurs. Tu décides quoi?

Ectoplasma rit de plus belle, puis remua la tête dans tous les sens comme un dément. Peut-être était-ce une approbation? Ace était soulagé, et satisfait. Mais pour l'instant Ectoplasma allait devoir faire ses preuves, comme Red et Akwakwak en leur temps. Il ne pouvait pas lui faire confiance d'emblée, d'autant qu'Ectoplasma était un pokémon sournois de nature. En tout cas ça promettait d'être marrant. Red et Akwakwak semblaient eux aussi très méfiants, il allait devoir se faire accepter par tout le monde. Mais dans cette équipe, c'était souvent par le prix du sang que l'on payait son statut de membre permanent...

A peine entrée dans la pièce, je sentis soudain des regards se poser sur moi. Une dixaine de mercenaires se trouvaient dans la pièce. Autant dire que je ne m'étais pas trompée, c'était bien un repaire de mercenaires. Il fallait juste espérer que Ace s'y trouvait bien...

Néanmoins, pas question d'afficher ne serait-ce qu'une once de panique devant ces espèces de brutes. J'avançai lentement, suivie par Tadi, qui claquait vigoureusement son bec. Le lieu était aussi délabrée que mal fréquenté. La tapisserie du mur elle même semblait tomber en lambeaux. Perdue dans l'observation du lieu, je ne vis pas que deux types s'étaient postés face à moi. Je m'arrêtai, et levai les yeux vers eux. J'avais plutôt l'impression de me retrouver face à une masse de muscle. Une longue cicatrice ornait son visage, que je ne vis pas vraiment dans la pénombre.

Je ne pus m'empêcher de faire le lien avec Ace. Ce lieu était à son image : sombre et mystérieux.
Je reportai mon attention sur le mercenaire, qui ne semblait pas spécialement ravi de voir des intrus pénétrer ici.

▬ Qu'est ce que tu fous ici toi ?

Je levai complètement la tête vers lui. Il semblait plutôt surpris de voir que j'étais une femme, et non un homme. Ce qui sembla plutôt lui plaire. Dans le mauvais sens du terme.
Une lueur de folie dans les yeux, il s'approcha de moi en affichant un sourire plus que sadique. Qui ne me fit pas reculer. Pas question d'offrir à ce dingue une bonne raison de m'effrayer.

▬ Je cherche quelqu'un, répondis-je simplement en commençant à contourner le mercenaire.

Son acolyte me stoppa rapidement en attrapant mon avant-bras. Sa poigne de fer me surprit, si bien que j'eus l'impression que ma circulation sanguine avait été bloquée. Je tournai la tête vers le type le plus imposant, qui affichait toujours un sourire, qui donnait plus envie de fuir qu'autre chose.
Tadi, nerveux, commençait à perdre son calme. Il n'en fallait pas moins pour qu'il passe à l'offensive. Mais d'un signe de la main discret, je le stoppai dans son élan. Je ne ferais jamais le poids face à eux. Et ils m'avaient l'air d'être pervers aussi bien dans le fait de tuer que dans l'autre sens du terme.

▬ Vraiment ? J'en ai rien à foutre, c'est pas un moulin ici. Mais puisque t'es là, autant en profiter, c'est pas tous les jours qu'on croise des nanas dans le coin, susurra t-il d'une voix qui me fit frémir.

C'en était trop pour Tadi. Il s'envola rapidement, dans une bourrasque telle qu'elle fit reculer le mercenaire. Il semblait surpris de la réaction de mon Roucarnage. Quant à moi, je n'avais pas bougé d'un pouce, mais le vent provoqué par l'envol de Tadi avait fait tomber ma capuche. Le mercenaire semblait néanmoins satisfait de me regarder de la tête aux pieds, avec un air qui ne présageait rien de bon pour moi. Furieux, Tadi lui barra le chemin. Mais à ma grande surprise, l'homme réagit rapidement en lui donnant un violent coup de poing dans l'abdomen. Le souffle coupé, je regardai avec impuissance Tadi se fracasser violemment contre le mur, un peu plus loin. Je gardai mon regard rivé sur lui, partagé entre la panique et l'anxiété de voir Tadi assommé. Néanmoins, je le vis bouger légèrement. La mâchoire contractée, je remarquai alors que la machine à tuer s'était à nouveau avancé vers Tadi. Il cherchait sans doute à me faire reculer, au vu du regard et du sourire qu'il me lançait, alors qu'il s'avançait toujours vers Tadi. Mais sur ce coup-là, ça ne marcherait sans doute pas. Je lui lançai un regard noir, furieuse qu'il s'en prenne à un Pokémon, en prime Tadi, plutôt qu'à moi. Et je ne pus m'empêcher de lui dire d'une voix glaciale, ponctué par un sourire mauvais.

▬ Tu préfères t'en prendre à mon Pokémon plutôt qu'à moi ? Quelle virilité... Tu mérites des applaudissements, pauvre connard.

Les mercenaires présents me regardèrent tous, certains avec amusement, d'autres se demandaient sans doute si je n'étais pas devenue folle, à parler comme cela. Même moi, je ne savais pas ce qui m'avait pris, mais je m'en fichais bien. Je savais les risques que j'encourais lorsque j'avais accepté de suivre Ace. A moi maintenant de les assumer.
Le mercenaire me regarda, lentement, avant de se diriger vers moi. Il était furieux, mais j'étais satisfaite de l'avoir empêché de tabasser Tadi. Et ce dernier en était sans doute conscient. Il s'arrêta à quelques millimètres de moi, avant d'afficher un sourire carnassier et d'attraper violemment le col de ma veste.

▬ T'as un problème, sale petite pétasse ?! Tu préfères que je m'occupe de toi ? Rassure toi, tu risques pas de le regretter !

Inutile d'être devin pour savoir ce qu'il songeait à faire, surtout si en bonus, il a affaire à une femme. Il passa sa langue sur ses dents après avoir susurrer ses mots, me tenant toujours aussi fermement. Il semblait empoigner quelque chose. Quant à moi, j'avais passé ma main dans mon dos pour attraper facilement mon arme. Qu'il ose me toucher ne serait-ce qu'une fois, et je l'émascule, sans qu'il comprenne sa douleur.  
Alors qu'il allait abattre son arme sur moi, que je ne voyais toujours pas, quelque chose le stoppa dans son geste, et le fit reculer brusquement.

Je levai les yeux, avant de remettre en place le col de ma veste, surprise par cette intervention.  

Alors qu'Ace observait les tensions évidentes entre Ectoplasma et le reste de l'équipe il perçut un certain vacarme provenant du bas de l'immeuble. Et parmi ce vacarme il crut distinguer une voix féminine. Ce qui était assez rare pour ne pas dire impossible en ce lieu. Ace siffla pour indiquer à son équipe de le suivre alors qu'il se dirigeait vers la sortie de sa chambre afin d'aller voir de plus près ce qu'il se passait. Ectoplasma n'étant pas encore habitué à ce type d'ordres, ni aux ordres tout court, il se contenta d'observer, puis de suivre le mouvement après avoir compris ce qu'on attendait de lui.

Ace descendit lentement les marches, se rapprochant encore un peu plus du rez-de-chaussée d'où semblait provenir l'apparente altercation. Quand il arriva au pied des marches, une dizaine de mercenaires se trouvaient dans le hall, tous les regard rivé sur une jeune fille. Hétalia! Elle était en avance, Ace lui avait pourtant bien dit de ne pas être en avance ou en retard. Mais dans un sens, il aimait bien l'imprévu, et cette attitude ne lui déplaisait donc pas tant que ça. Jack s'approchait d'elle, et semblait avoir des intentions plus que douteuses à son égard. D'abord amusé, Ace observa discrètement la scène, pour voir comment elle réagirait. Personne ne l'avait remarqué, alors il s'assit sur la dernière marche, indiquant à Red de se tenir prêt par un petit signe de tête. Il n'était pas inquiet, et souriait tant la scène lui paraissait comique. À ses yeux, Jack n'était pas un danger, et pourtant, il s'en donnait tous les airs.

- T'as un problème, sale petite pÉtasse?! Tu préfères que je m'occupe de toi? Rassure-toi, tu risques pas de le regretter! Lança Jack à Hétalia. 

Alors que Jack levait son couteau pour frapper Hétalia, Ace remarqua qu'elle avait elle-même passé sa main dans son dos, sûrement pour pouvoir dégainer son sabre rapidement. Mais Ace savait que Jack pouvait être rapide malgré tout, et qu'Hétalia, bien que courageuse, pouvait se retrouver en difficulté. Et ce n'était pas le moment de prendre des risques. Il fît signe à Red d'intervenir, toujours assis sur la marche d'escalier, l'air détendu. Toute l'assemblée semblait retenir son souffle, et tous semblaient soutenir le projet de Jack, qui devait probablement inclure du viol. Bien qu'Hétalia ne soit pas encore morte. Jack commença alors à abaisser son arme, affichant un rictus malfaisant sur son visage, tandis que Red se projeta en avant en un éclair, os à la main, et qu'Hétalia se tenait prête à réagir.

Red lança avec force et précision son os sur le bras de Jack, stoppant ainsi son geste, et lui faisant lâcher prise. Son arme tomba au sol, mais sa main qui tenait Hétalia par le coup semblait toujours s'accrocher. Il recula légèrement, entraînant Hétalia avec lui, et tourna la tête à la recherche de ce qui avait pu s'interposer.

- Ce cher Jack... Lança Ace d'un ton désinvolte tout en grattant quelque chose sur la marche de bois pourri sur laquelle il était assis. T'arrêtes jamais de faire le c0n pas vrai? Je t'ai déjà dit, si tu veux violer des trucs, vas au cimetière cosmopolite. Ce sera buffet à volonté pour toi. Ajouta Ace avec un grand sourire, dirigeant enfin son attention sur l'intéressé.

Hétalia sembla soulagée et surprise de voir Ace ainsi installé. Peut-être se demandait-elle depuis combien de temps il était là, et pourquoi il n'était pas intervenu plus tôt? Ace continuait de sourire avec provocation à Jack, qui bouillonnait de rage. C'était la deuxième fois qu'Ace lui manquait de respect en une journée, et il ne pouvait pas tolérer ça. Ace caressait machinalement le sommet du crâne d'Akwakwak qui s'était allongé, la tête sur les genoux d'Ace, et semblait somnoler, complètement indifférent à la scène qui se déroulait sous ses yeux. Red quant à lui, avait discrètement ramassé son os qu'il avait lancé sur Jack, et s'était réfugié dans un coin sombre du hall, à l'abri de tous regards, prêt à frapper de nouveau.

Tous les regards étaient désormais rivés sur Ace, et tout le monde semblait attendre la réaction de Jack, estimant qu'il ne pouvait pas rester de marbre indéfiniment. Jack sembla alors perdre son self-control et explosa:

- Tu te prends pour qui?! Espèce d'insolent de c0nnard! Tu vas voir qui va finir au cimeti...

Mais Jack fût coupé dans sa tirade, s'arrêtant net. Ses yeux s'écarquillèrent, et du sang commença à s'écouler de sa bouche. Une lame lui traversait désormais le torse. Ace savait ce qu'il s'était passé, mais ne pût s'empêcher d'afficher un sourire de satisfaction et d'admiration quand le corps de Jack s'écroula, laissant ainsi la place à celui d'Hétalia qui se trouvait derrière, essuyant le sang de sa lame sur sa tenue, le regard plus menaçant que jamais. Hétalia sembla croire que tout le monde allait lui tomber dessus, et se prépara à se défendre. Mais personne ne bougea.

- Ici ça marche pas comme ça Hétalia. Les gens ne vont pas chercher à venger qui que ce soit, on ne se bat pas pour les causes des autres. Sois tranquille. Dit Ace à l'attention d'Hétalia, tout en se relevant.

Il réveilla du même geste Akwakwak, et jeta un rapide coup d'oeil en arrière pour voir ce que faisait Ectoplasma. Il semblait ravi du spectacle, ce qui ne manqua pas de plaire à Ace qui esquissa un bref sourire. Ace se tourna de nouveau vers Hétalia qui commençait à baisser sa garde, mais restait méfiante. Ce ne fût que quand Ace commença à avancer que les mercenaires se dispersèrent, comme si de rien n'était. Mais Hétalia en attrapa un par le bras, alors qu'Ace arrivait à sa hauteur.

- Tu crois aller où comme ça toi? Lui lança-t-elle d'un ton assuré et menaçant.

- Qui c'est? Demanda Ace.

- Il était avec ce Jack. Répondit Hétalia sans lâcher le mercenaire du regard.

- Ah bon? Tues-le alors. Suggéra Ace.

Ace put brièvement distinguer un léger sourire s'afficher sur le visage d'Hétalia. Prenait-elle goût à ce genre de choses? Ace resta silencieusement posté devant elle, tandis que le mercenaire qu'elle tenait semblait s'affoler intérieurement. Il devait passer en revue ses possibilités. Soit se laisser tuer par Hétalia, soit tenter de s'enfuir et se faire tuer par Ace qui veillait au grain. Aussi étonnant que cela puisse paraître, le mercenaire tenta la deuxième option. Il se débarrassa de la poigne d'Hétalia d'un violent mouvement de bras, et se mit à courir vers la porte. Mais Ace s'y attendait, et il n'allait certainement pas laisser échapper une proie. Il se mit à courir après le mercenaire, et le rattrapa en une demi-seconde. Il lui balaya les deux jambes d'un seul geste, envoyant ainsi le mercenaire au sol, face contre terre. Sans attendre une seconde, Ace abattit son pied sur l'arrière du crâne du mercenaire, en ayant concentré sa force dans ce même pied. L'effet fut dévastateur. Le crâne du mercenaire fut instantanément broyé sous le choc, cassant même quelques lames de parquet sous celui-ci. Le sang gicla, tout comme les bouts de cervelle broyée qui s'éparpillèrent sur quelques centimètres autour de la victime.

Ace n'y prêta aucunement attention et se retourna immédiatement vers Hétalia.

- Ok Hétalia suis-moi, on va s'installer dans ma chambre, on y sera pas dérangés, et on sera au calme, on doit discuter.

L'idée d'avoir tué ne me rendait pas fière, loin de là. C'était simplement l'idée de m'être débarrassée d'une pourriture pareille, en entraînant avec lui tout le mal qu'il avait pu faire. Le regard furtif, je ne voulais pas baisser ma garde, pendant que j'essuyai tranquillement la lame de mon sabre à l'aide d'un vieux torchon que j'avais toujours sur moi. Je ne fis pas non plus attention au massacre qu'avais fait Ace derrière moi. Ça me passait au dessus de la tête, ce genre de personne ne méritait pas de compassion. Mais ça m'avait amusé de le voir paniqué. A croire que le monde s'écroule lorsque un mercenaire devient la souris chassée, et non le chat, comme à son habitude. Je levai les yeux vers Ace, qui revint rapidement vers moi.

- OK Hétalia suis-moi, on va s'installer dans ma chambre, on y sera pas dérangés, et on sera au calme, on doit discuter.

J'opinai de la tête, et remis mon sabre à sa place avant de me diriger avec Tadi. Il s'était redressé, mais son regard flouté indiquait qu'il était encore sous le choc. Il semblait honteux de ne pas m'avoir défendu. Mais ce n'était rien. C'est ce que je lui fis comprendre, lorsque je m'accroupis face à lui et que je passai ma main sur sa tête plumée pour vérifier son état. Il saignait légèrement, malheureusement. Je n'aimais pas qu'on touche à lui plutôt qu'à moi. J'allais tenter de le soulever, légèrement, mais il le fit de lui même en battant lentement des ailes. Je poussai un léger soupir, et tendis mon bras droit pour qu'il s'y pose, ce qu'il fit instantanément, encore étourdi. Malgré son poids, j'avais l'habitude de le porter. Je me tournai et me dirigeai vers l'escalier, que Ace s'apprêtait à emprunter, ne pouvant m'empêcher de jeter un regard mauvais aux personnes m'entourant, avant de rabattre ma capuche sur la tête.

L'escalier lui-même était pourri. A chacun de mes pas, les lattes grinçaient, au point que j'eus l'impression qu'à tout moment, j'allais passer à travers de l'escalier. En silence, je suivis Ace, qui pénétra dans une pièce une fois en haut. Je le suivis, quelque peu hésitante. C'était donc sa chambre. Et il ne semblait pas être le roi du rangement, à ce que je pus constater...

Il s'appuya à une table, le seul meuble de la pièce avec un lit. Il y jeta un rapide coup d’œil, avant de tourner la tête vers moi. Je lui lançai un regard interrogatif, et m'adossai contre le mur, à proximité de la porte. Je ramenai mon bras droit contre moi, et passai doucement ma main sur l'encolure de Tadi, pour vérifier son état. Je jetai un coup d'oeil vers les Pokémon de Ace, avant d'apercevoir avec surprise un Ectoplasma, que je n'avais jamais remarqué dans l'équipe d'Ace. En tout cas, il était loin de m'inspirer toute la confiance du monde.

Je lissai doucement les plumes de Tadi, sans bouger. Vu le foutoir m'entourant, je me demandai comment un homme ne pouvait y faire ne serait-ce qu'un seul pas dans cette pièce. Je reportai mon attention sur Ace.

- Alors ? dis-je simplement, d'une voix basse.

Hétalia semblait clairement mal à l'aise dans cet environnement inhospitalier. Le désordre qui régnait ne lui permettait même pas de s'asseoir quelque part, où de circuler à son aise. Elle se contenta donc de s'adosser au mur, après avoir refermée la porte derrière elle. Son regard s'attarda brièvement sur Ectoplasma, elle semblait surprise. Mais son attention se reporta vite sur son Roucarnage qui avait apparemment été brièvement blessé par Jack, un peu plus tôt.

- Alors? Demanda-t-elle doucement à l'attention d'Ace.

Ace était appuyé contre sa table, et s'essuyait les quelques morceaux de cervelle encore accrochés dans ses cheveux, lorsqu'il constata que sa tunique en était pleine. Il leva le doigt à l'attention d'Hétalia pour lui signifier d'attendre un peu, puis sembla chercher quelque chose. Enfin, il plongea sa main dans un amas de linge, et en sortit un t-shirt simple, auquel était accroché une fourrure de Caninos. Il enleva alors sa tunique, et la remplaça par cette tenue qui lui rappelait une vieille mission, mais impossible de savoir laquelle.

- Ok c'est bon. Répondit-il enfin à une Hétalia qui semblait encore plus gênée que quelques secondes plus tôt. Comment vont tes blessures? On dirait que c'est bon? Lui demanda-t-il.

- Oui ça peut aller, ça me fait encore mal, mais c'est supportable. Répondit-elle d'un ton qui se voulait rassurant, comme si elle voulait minimiser les choses, pour ne pas devenir un poids.

- Parfait. Bon, j'ai eu le temps de jeter un oeil aux contrats disponibles. J'en ai trouvé trois d'intéressants. Je pense que ce serait l'idéal pour commencer à nous entrainer. 

Hétalia sembla pensive et ne répondit pas tout de suite.

- T'hésites à cause de tes parents? Ajouta Ace.

- Non... Répondit-elle, l'air toujours concentré.

- Tant mieux, parce que si tu laisses ce genre de trucs te guider, t'iras nulle part. La seule chose que tu dois laisser te guider, c'est le hasard.

Le silence s'installa de nouveau alors que Red et Ectoplasma semblaient se tester, en "jouant" avec violence. Le rire instinctif et malsain d'Ectoplasma résonnait doucement dans la pièce.

- Tu n'es pas au courant n'est-ce pas? Demanda soudainement Hétalia.

- Au courant de quoi? Répondit Ace, l'air ailleurs.

- De la guerre qui se prépare, ici, à Irratam.

- Une guerre? C'était pour ça les soldats partout, les gens qui criaient complètement affolés? 

- Oui sûrement. Ajouta Hétalia, l'air anxieux. Je pense qu'on devrait pas trainer ici, Palkia, Dialga et Pacou sont en route.

- Pacou? Parfait, je voulais lui parler en plus. Répondit Ace l'air enjoué. Je m'occuperais des présentations. Et puis même, pourquoi on devrait pas trainer ici? Au contraire, ça peut être marrant. Et rien ne vaut une bonne guerre pour s'entrainer à survivre. Ajouta-t-il perdant son sourire au bénéfice d'un regard perdu et étrangement troublé.

Hétalia semblait ne pas savoir quoi répondre. Comme si elle hésitait entre se fier aux connaissances d'Ace en la matière, ou fuir ce manque flagrant de notion de danger.

- Avant toutes choses, enchaina Ace, tu dois savoir qu'il m'arrive d'avoir des...sortes de crises. Tu vas devoir apprendre à faire avec si ça se produit, ce qui est fort probable. Red et Akwakwak les gèrent plus ou moins bien maintenant, mais tu devras en faire de même, sinon ça pourrait te retomber dessus.

Lorsque Ace changea de tenue devant mon nez, comme à mon habitude, j'aurais détourné le regard. Mais quelque chose me retint. Je fronçai les sourcils, et examinai de loin son avant-bras gauche. C'était bien tatouage, qui me fit un peu penser à celui que j'avais sur le bras. Un dragon, dans les tons noirs et blancs, dans un style un peu particulier. Ponctué par des nuages. Plutôt joli, si je puis dire. Je distinguai alors sur son omoplate une hirondelle, dans les mêmes tons, qui tenait dans son bec une banderole sur laquelle était marquée "Heart and Mind".
Ace se rhabilla rapidement et se tourna vers moi. Je détournai rapidement le regard, peut-être un peu surprise qu'il ai ce style de tatouages. Mais bon. Ce n'est pas mes oignons.

Tadi croisa mon regard. Je lisais bien le message qu'il me faisait passer. Sans doute l'idée extrêmement intelligente de fuir loin de ce type qui m'apporte déjà des problèmes. Et qui plus est en contact avec Pacou. Je lançai un regard lourd de sous entendus à Tadi, qui reporta son attention sur Ace. Mon Roucarnage était mal à l'aise en sa présence, et extrêmement craintif. Je fermai les yeux, voulant dire quelque chose à l'intention d'Ace, avant de me résigner. Je n'avais pas envie de parler, au final. Trop de choses tournaient en boucle dans ma tête, et je ne pouvais m'empêcher d'y réfléchir. Pensive, je fixai l'Ectoplasma et Red, qui jouait d'une façon un peu trop violente à mon goût.

Le rire vicieux de l'Ectoplasma s'arrêta l'espace d'un instant lorsqu'il croisa mon regard. Je haussai un sourcil, et l'affrontai du regard. Il semblait curieux, très curieux même, mais il l'oublia rapidement lorsque Red recommença à attirer son attention. Ils continuèrent ainsi leur petit jeu, sans doute un moyen de jauger si Ectoplasma était digne de l'équipe.

Mon propre comportement m'intriguait. Je sentais malgré tout ma réticence, mais cela venait sans doute du fait que j'accumulais beaucoup de choses en ce moment. Je ne voyais pas d'autres explications. Ma capuche camouflait mon visage, et étrangement, j'appréciais cette sentation, d'être cachée des autres. Je hochai donc la tête au fait que Ace voulait s'adresser à Pacou, sans plus. Ce ne sont pas mes oignons, une fois de plus. Et à bien y réfléchir, je devais me douter de m'attendre à ce qu'il ai ce genre de contact, en tant que mercenaire.
Je me redressai, et me postai à l'embrasure de la porte, me sentant trop à l'étroit dans la chambre de Ace. Il dût le comprendre, mais je préférais ne rien dire, me contentant d'attendre en lissant les plumes de Tadi. Un moyen simple de me calmer et de m'apaiser. La voix de Ace me sortit alors de mes pensées.

- Avant toutes choses, tu dois savoir qu'il m'arrive d'avoir des... sortes de crises. Tu vas devoir apprendre à faire avec si ça se produit, ce qui est fort probable. Red et Akwakwak les gèrent plus ou moins bien maintenant, mais tu devras en faire de même, sinon ça pourrait te retomber dessus.

Je le regardai avec étonnement, avant de répondre.

- Bon, je verrais bien... Qu'est ce que tu entends par "sortes de crises"  ?

Tadi n'était absolument pas à l'aise. Si lui même l'était, je n'osais imaginer le comportement de mes autres Pokémon. Surtout de Sora. Elle allait sans doute être la pire. Je continuai à lisser les plumes de mon Pokémon, cherchant un moyen de l'apaiser. Mais j'étais également perdue dans mes pensées, comme à mon habitude. Et je ne savais plus vraiment quoi dire à Ace, maintenant que tout était réglé.

Il était sans doute grand temps de se mettre en route.

Hétalia semblait de plus en plus mal à l'aise, tout comme son Roucarnage. Peut-être était-elle en train de se poser des questions quant à son choix? De changer d'avis?

Ace observa profondément Hétalia et son pokémon, essayant ainsi de jauger leur implication, leur motivation. Puis enfin, il déclara rapidement:

- Bouges pas, je vais chercher une chaise. 

Puis il sortit de sa chambre, pour y revenir quelques secondes plus tard, avec une chaise qu'il avait du piquer à un de ses "voisins". Hétalia sembla surprise par ce geste, mais accepta avec soulagement de s'installer sur la chaise offerte par Ace. Ace regarda autour de lui, et sembla réaliser quelque chose.

- Le bordel te gêne? Demanda-t-il. Je suis jamais là, donc je m'en fous un peu, mais là ça mériterait un poil de rangement. Ajouta-t-il sans même laisser le temps à Hétalia de répondre. Allez arrêtez de glander bougez-vous le cul! Lança-t-il à l'attention de ses pokémons en désignant tout le désordre. 

Enfin, il vint s'appuyer de nouveau sur la table, juste à côté d'Hétalia, pendant que ses pokémons commençaient à ranger à contrecoeur. 

- C'est pas évident pour moi non plus. Je suis pas habitué du tout à côtoyer des gens. C'est pas mon truc c'est tout. Commença Ace. Mais là on va devoir apprendre à se connaitre petit à petit, c'est normal. Toi et ton Roucarnage vous devriez vous détendre, si j'avais voulu vous tuer, ce serait déjà fait, et à la place, je vous ai aidés. Y'a pire comme mec louche non? Ajouta-t-il avec un sourire. Et y'a pas plus fiable que ces trois-là. Dit-il en désignant ses pokémons toujours affairés à rassembler les affaires en un gros tas contre le mur du fond. Enfin sauf pour Ectoplasma je le connais pas encore bien, mais les deux autres, c'est du solide.

Quelqu'un frappa alors à la porte, et entra. Il tendit alors une pomme à Ace, et une autre à Hétalia, avant de ressortir, sans regarder qui que ce soit, ou quoi que ce soit. Sous le regard interrogateur d'Hétalia, Ace lui expliqua:

- C'est le mec à qui j'ai pr...qui m'a donné une chaise. Il m'a aussi proposé des pommes, j'ai accepté, et je lui en ai demandé une pour toi aussi.

Hétalia semblait confuse, mais plus détendue.

- Et concernant Pacou. C'est lui qui m'a envoyé vous sauver tu sais? J'aime bien ce mec, il est marrant. Pas comme toutes les légendes qu'on raconte. Et puis on traînera pas trop avec lui. Même moi je reste pas souvent avec lui. Ce sera juste le temps de faire le point.

- D'accord. Répondit-elle d'un ton réservé malgré tout. Merci pour la chaise et pour la pomme. Ajouta-t-elle.

Les pokémons d'Ace avaient désormais fini de rassembler les affaires qui trainaient partout. Ce n'était pas du rangement, mais au moins c'était déjà moins oppressant.

- Ils doivent arriver quand Pacou et les deux trucs que t'as mentionné? Ajouta Ace en croquant dans sa pomme. Bientôt j'imagine?

Quelque peu surprise par les gestes de Ace, je le laissai faire sans un mot. Et étrangement, je me sentais un peu plus à l'aise que précédemment. Tadi gardait son regard d'encre néanmoins fixé sur Ace. Il le faisait avec tout le monde, je n'y prêtais donc pas attention et le laissai faire. Je lui tendis distraitement la pomme donnée par Ace. Tadi y croqua après une hésitation, sans doute content de manger un fruit frais. Je jouais maintenant avec une plume du plumage de Tadi, avant de répondre simplement à Ace.

- Pas de problème... Et désolée pour ma réaction, c'est automatique, je n'y fais plus vraiment attention. Je ne suis pas bavarde non plus. Et je suis loin d'aimer la compagnie des autres.

Etrangement, je me retins de rire lorsqu'il évoqua Pacou comme "marrant". Voilà un point de vue que je n'avais jamais vu, chez qui que ce soit. J'étais d'ailleurs surprise par ce qu'il venait de me dire. Je ne voyais pas quel avantage personnel un personnage comme Pacou pouvait retirer, de nous avoir sauvées moi et Sepia. Je ne posai pas la question à Ace, ça m'aurait étonné que lui même connaisse la réponse.

Pensive une fois de plus, j'observai les mouvements des trois Pokémon de Ace, qui s'évertuaient à pousser tous les bibelots traînant au sol contre le mur, dans un tas plutôt instable.

- Ils m'ont l'air de faire ça plus à contrecoeur qu'autre chose... fis-je remarquer à Ace, en observant la mine peu joyeuse de Red.

Je piquai un bout de la pomme déjà bien entamée par Tadi, qui me jeta un regard en me voyant faire. Je me baissa légèrement et ne pus m'empêcher de lui dire d'un sourire narquois.

- Eh oh, apprends à partager, espèce de morfale !

Il leva les yeux au ciel et garda le reste de pomme pour lui. Sur certains points, Tadi peut être aussi bienveillant et protecteur que morfale, qui plus est n'aimant pas partager son dû. Je reportai mon attention sur Ace après avoir avalé le quart de pomme. Les Pokémon de Ace semblaient avoir fini leur rangement rapide. La pièce semblait déjà moins opressante, j'en profitai donc pour la détailler de quelque peu. Les lattes de parquet semblaient aussi pourries et mîtées que ce que j'avais pu voir dans le hall, au rez-de-chaussée. L'endroit était lui aussi plongé dans une pénombre à laquelle je m'étais habituée depuis mon arrivée à Irattam. Les murs eux aussi étaient déffréchis. Ce n'était pas un lieu des plus accueillants. Si tous les QG des mercenaires sont dans ce style là, mes parents ont dû avoir une vie absolument...

Je laissai tomber rapidement, ne trouvant pas d'adjectif pour qualifier leur vie. La mine sombre, je réfléchis à la question d'Ace, posée il y a un instant, avant de lui répondre d'un ton évasif.

- Je ne sais pas, bientôt sans doute. Il y a des journalistes qui traînent dans les faubourgs du territoire d'Absolution. Et il semblerait que Pacou ai déjà rasé tout un village. J'ai entendu brièvement des attachés de presse en parler. Et les deux trucs en question, ce sont Palkia et Dialga, Pokémons légendaires du temps et de l'espace. Libre à toi de décider ce que tu veux, je te suivrais, tant que tu me forces pas à faire des actions qui ne me conviendraient pas.

Tadi, le bec levé, scrutait la seule fenêtre de la pièce qui donnait sur l'extérieur. Le mur d'un bâtiment, pour être précise, rien de bien alarmant. Mon regard, étrangement, resta rivé sur Ectoplasma, qui faisait de même avec moi. Je fronçai légèrement les sourcils, avec une impression de déjà vu idiote, qui s'effaça rapidement

- Oh tu sais moi je te forcerais à rien. Répondit Ace en replaçant la fourrure de Caninos sur son épaule droite. Tu feras ce que tu devras faire pour survivre, et ça implique souvent des trucs qu'on s'imaginait pas faire. Mais assez parlé de ça! La guerre arrive, et ça risque d'être marrant. Cette ville mérite pas mieux de toute façon. T'as du voir autour de toi. Ça pue, c'est moche, et les gens ont plus l'air d'attendre la mort qu'autre chose.

Ace se releva soudainement de la table sur laquelle il s'était assis, croqua dans sa pomme pour la tenir à l'aide de ses dents alors qu'il cherchait quelque chose. Il attrapa alors sa carte de fortune qui trainait encore sur son lit, et la tendit à Hétalia.

- J'ai fait ça tout à l'heure, c'est approximatif mais ça devrait suffire. 

Hétalia jeta un rapide coup d'oeil à la carte que lui tendait Ace et sembla étouffer un rire. Ace la fixa en haussant les sourcils..

- Non, désolée... Se reprit-elle tout en continuant de réprimer un petit rire.

- T'as raison ça ressemble à rien. La coupa Ace avec un sourire. Mais bon c'est toujours ça pas vrai? Au fait, je t'ai pas répondu tout à l'heure j'ai oublié. Mais tu m'as demandé de quelle sorte de crises je souffrais. Enchaina-t-il en croquant le dernier morceau de pomme. En fait, je perds un peu le contrôle. Et je sais plus ce que je fais, je pars un peu en couille. Ça dure pas longtemps en général, mais c'est dangereux, pour ceux qui m'entourent et pour moi. C'est pour ça que Red et Akwakwak sont jamais dans leur ball à la base. D'ailleurs ils ont même plus de ball. Comme ça ils peuvent intervenir à tout moment. Donc voilà je voulais te prévenir.

Hétalia sembla pensive, mais pas effrayée. Peut-être que les évènements des splendeurs de cristal lui avaient donné un aperçu de ce qu'Ace venait d'expliquer? Elle continua de caresser machinalement son Roucarnage qui semblait un peu somnolent, sûrement à cause du choc survenu un peu plus tôt.

Ace remarqua Hétalia et Ectoplasma échanger plusieurs regards, mais n'y fît pas attention. Il pensait surtout à ce qu'elle avait dit concernant la guerre. Dans le fond c'était une bonne chose pensait-il. Mais quelles en seraient les conséquences? Et quelle était l'intention de Pacou derrière tout ça? Et pourquoi ne l'avait-il pas prévenu? 

- Du coup, que fait-on maintenant? On attend? Demanda alors Hétalia, extirpant Ace de ses pensées.

*C'est ce qu'on verra...* pensai-je, avant de tourner la tête vers Ace, attendant sa réponse.

- Comme je te l'ai dis, on va sans doute se rendre dans le feu de l'action, déclara t-il simplement, un étrange sourire aux lèvres.

Je me doutais de sa réponse, étrangement. Son étrange regard était éclairé d'une lueur de folie, et d'euphorie, peut-être.Je hochais la tête, pour donner mon accord, avant d'enchaîner.

- Je vois. Je ferais attention pendant tes périodes de crises, dans ce cas.

Ace semblait satisfait de ma réponse. Il se redressa rapidement, et se dirigea vers la porte, talonné mécaniquement par ses Pokémon. Je jetai un dernier coup d'oeil à la "carte" de Ace. J'étouffai un sourire et l'enroulai, avant de la fourrer dans la poche de ma veste, pour l'avoir à portée de main. Je secouai doucement Tadi, pour le réveiller. S'il était moins lourd, j'aurais pu le porter, mais c'était peine perdue, je n'étais pas assez forte pour supporter son poids. Ce dernier se réveilla en sursaut, et posa ses prunelles dans les miennes. Je lui caressai doucement la tête en guide d'excuse, et le laissai s'envoler en dehors de la pièce, dans un battement d'ailes précipité. Je remis en place une mèche de cheveux derrière mon oreille, avant de suivre Ace.

Tadi s'était posé à la rambarde du premier étage, un peu plus loin. Il semblait attentif à l'environnement dans lequel il se trouvait.

- A part le plaisir de tuer, je ne sais pas ce que Pacou peut retirer de la destruction d'Irratam. Bien que cette ville soit sordide, les gens que j'ai vu dans le faubourg du territoire m'avaient l'air aussi vide que des coquilles. De simples corps qui se déplacent, sans aucune âme, dis-je distraitement à Ace en tournant les yeux vers lui. Pas étonnant que personne ne réagisse. Au final, les humains les plus capables d'agir n'en ont rien à faire des autres. J'ai plus l'impression que cette histoire d'évacuation est une mise en scène, quand je regarde ces soi-disants gardes agir.

Tadi semblait approuver mes paroles. Il hocha légèrement la tête, toujours perché sur la rampe peu solide, qui menaçait de tomber à tout moment. Finalement, j'étais plus curieuse qu'autre chose de voir ce fameux Pacou face à moi. La destruction d'une ville était bien évidemment quelque chose de malsain à mes yeux, mais s'il s'agissait d'un territoire comme Absolution, j'en demeurais plutôt heureuse, au final. Mais je verrai sans doute bien assez tôt ce qui s'y passe.

Du coin de l'oeil, je pus encore constater que l'Ectoplasma nouveau de Ace me fixait, une fois de plus. Et quelque chose me dérangeait. J'avais l'impression de l'avoir déjà vu, et d'avoir déjà eu cette étrange sensation quelque part. Tadi ne semblait pas ravi de voir ce Pokémon à la fois vicieux et farceur me fixer de la sorte. Ses plumes s'ébourriffaient de quelque peu, signe qui montrait bien l'énervement de mon Roucarnage. Je posai ma main sur sa tête, pour le calmer, préférant reporter mon attention sur la carte improvisée tracée par Ace. Je la sortis rapidement de ma poche et la parcourais d'un regard rapide. Je tentais plus de la décoder qu'autre chose, mais je voyais à peu près ce que Ace avait cherché à faire.

J'étais également curieuse des trois "contrats" qu'il avait à accomplir, mais je me résignai rapidement à lui demander de quoi il s'agissait.

- Suis-moi, on va aller sur le toit. Je t'expliquerais plus en détail en quoi consistent les contrats que j'ai sélectionnés.

Hétalia approuva du regard, alors qu'Ace se dirigea vers la droite du couloir, passant ainsi devant quelques portes délabrées, dont le bois pourrissait tranquillement. Au bout du couloir se trouvait une petite trappe au plafond, qui laissait se déplier un escalier permettant d'accéder au toit de l'immeuble. Ace ouvrit la trappe, déplia les escaliers, et les grimpa, suivi de ses trois pokémons, puis d'Hétalia, qui fît signe de loin à son Roucarnage de venir la rejoindre. Il semblait s'être remis du choc survenu un peu plus tôt.

Alors qu'Hétalia passait la tête par la petite porte séparant les escaliers du toit, Ace était déjà assis, ou plutôt affalé, sur la droite du toit, faisant face au coucher de soleil. Le ciel s'était un peu découvert, et de vifs rayons orangés filtraient à travers les épais nuages qui subsistaient, offrant un spectacle magnifique à la petite troupe qui s'accumulait désormais sur le toit de ce sordide bâtiment d'Absolution.

- Pour les contrats, commença soudainement Ace, deux concernant principalement de l'enquête et de la survie, et l'autre un meurtre. Je me suis dit que tu serais certainement réticente à celui-là. Alors j'ai décidé qu'on le ferait en dernier, parce que tout ce qu'on vivra avant ça pourrait très bien te faire voir les choses autrement. Si tu veux plus d'infos, j'ai gardé les fiches descriptives en bas, je te les montrerais. Maintenant rapproche-toi, je veux te montrer quelque chose.

Hétalia semblait pensive, et fermée, mais s'approcha après quelques secondes. Elle semblait comme hypnotisée par le paysage, dont la paradoxale beauté contrastait ironiquement avec le lieu. Elle s'assit à côté d'Ace, puis lâcha:

- Je suis là. Qu'est-ce que c'est?

- Regarde en bas. Que vois-tu? Répondit Ace en désignant les rues, et ruelles qu'ils pouvaient apercevoir de leur perchoir.

Après un long regard vers la zone qu'Ace lui indiquait, Hétalia répondit:

- Je vois quelques personnes. Elles semblent perdues. Tout a l'air sale, abandonné, ou en ruine.

- Exactement. Tu vois, ce quartier est plus une ville fantôme qu'autre chose. Ici les gens ne vivent pas, ils survivent, sans but, sans conscience. Pour les habitants d'autres régions, tuer est un crime. Pour les gens d'ici c'est une nécessité. Le meurtre et la violence sont des branches professionnelles qui ne cesseront jamais d'exister. Et dans le coin, qui permettrait à ces "fantômes" que tu vois en bas, de travailler dans une boutique, un bureau, voire un hôpital? Personne. On est réduits à ça, et j'en fais partie. Tout n'est que question de point de vue. Mais beaucoup ici ont perdu espoir il y a bien longtemps. Cette guerre n'est pas une simple guerre. Je la vois comme une seconde chance pour ce quartier maudit. Mais bizarrement, les gens s'agitent, l'armée, prépare la défense, et je ne serais pas étonné que d'autres factions soient appelées en renfort, si tu me dis que c'est du lourd qui arrive. Personne n'a conscience de la situation ici, et viennent se donner des rôles de héros. Peut-être ne veulent-ils pas que les choses changent? Peut-être que la situation ici sert des intérêts qui nous dépassent? Bref je m'égare. Si je te dis tout ça, c'est pour que tu apprennes à remettre en cause ce que tu crois. La vérité est différente selon celui qui la raconte. Ne sois pas fermée, et penses au fait que tes principes, sont probablement méprisés par beaucoup de part le monde, et vice-versa.

Après son monologue interminable, Ace tourna la tête vers Hétalia, attendant de voir sa réaction. Elle affichait un léger sourire, qui cachait sans doute le trouble, mais un sourire tout de même. Les yeux toujours plongés dans ce paysage orangé dont la teinte s'assombrissait au fur et à mesure que la nuit tombait.

Je restai un long moment à méditer les paroles de Ace, le regard fixé vers la zone indiquée par Ace. Je détournais la tête vers Tadi, qui semblait lui aussi pensif. Il maintint son regard un long moment au mien, sans doute pour me convaincre de quelque chose. Il était facile de deviner ce que, l'un et l'autre, nous pensions. Au fond, Ace n'avait pas tort. Et contrairement à ce qu'il laissait paraître, il savait ce qu'il faisait, il était sans doute un des mieux placés pour me dire ce genre de chose. Je n'avais pas remarqué depuis peu, le léger sourire qui s'était dessiné sur mes lèvres. Je reportai mon regard vers l'horizon. Les ténèbres de la nuit commençaient à pointer le bout de leur nez. Je ne détachai pas mon regard des bandes orangées qui striaient l'horizon, comme si j'étais consciente qu'ils apaiseraient mon esprit. Tadi s'était sensiblement rapproché de moi. Désormais posé sagement à mes côtés, il gardait son regard sur moi, attendant sans doute ma réponse. Je posai mécaniquement ma main sur son plumage, perdue dans mes pensées.

Mais qu'avais-je seulement à répondre ? Rien. Ces paroles étaient pour moi, pleines de bons sens et me faisaient comprendre une chose infime. Je ne savais rien de la vie, du quotidien menés par ces gens. J'ai trop longtemps fuis tout cela, c'est vrai. Je commençais à comprendre pourquoi mes parents avaient eu cette volonté de recommencer tout, dans un monde refait à neuf.
Il suffisait de regarder ce quartier, et ces gens, pour en avoir la réponse.

- C'est vrai que je ne peux pas juger. Je n'ai pas été à votre place.

Peut-être préféraient-ils mourir, plutôt que de vivre une minute de plus dans ce lieu sordide. Je me sentais désormais idiote d'avoir parlé trop vite. Le silence était finalement mon meilleur allié.
Je n'avais pas envie de rajouter quelque chose. Je fixais le même point à l'horizon, avant de pousser un long soupir, et de repenser aux trois prochains contrats de Ace. Je me forçais à ne pas penser au troisième, mais plutôt à l'expérience que j'en retirerais. J'allais voir, et comprendre sans doute plus de chose que je ne pouvais le penser.

Pour l'instant, notre barrière principale était le chaos qui allait bientôt régner à Irratam. Je reposai mon regard au bas de la rue, fixant ces corps vide, qui se déplacaient sans destination, et sans but précis. Ace avait raison. Le terme de "ville fantôme" était parfait pour désigner le Quartier Pauvre de Absolution. Il y avait beau avoir de l'agitation, mais cette dernière était dénuée de toute volonté et de tout espoir.

Je comprenais facilement pourquoi, maintenant.

La curiosité prenait le dessus, dans mon esprit. Voir la prochaine offensive de l'armée d'Absolution, et peut-être celle des deux autres Factions m'intriguaient. Je partageais, au final, l'avis de Ace. Les ennemis deviendraient peut-être alliés, uniquement dans un intérêt personnel. Ca a toujours été comme ça, et ça m'étonnerait qu'en ces périodes de crises, les points de vues de ce côté-là changent.

- Tu sais déjà à quel endroit te rendre pour trouver Pacou ? M'enquis-je auprès d'Ace, le regard rivé en direction de Tadi.

- Pas vraiment. Je pourrais lui parler avec cette sorte de télépathie bizarre mais bon, ce serait moins intéressant. De toute façon, il va falloir patienter un peu, et attendre que ça pète. Je sais pas qui sont ces légendaires dont tu m'as parlé, mais ça risque de pas être très discret. On se rapprochera à ce moment-là et on trouvera Pacou pour voir avec lui ce qu'il se passe. Maintenant que je suis son général, il voudra peut-être que je l'aide à faire deux-trois trucs. Et tu viendras avec moi, quoique ce soit, mais dès que ce sera fini, on s'occupera des trois contrats dont je t'ai parlé, et donc de notre entrainement.

Hétalia semblait apaisée, même si le discours que venait de tenir Ace aurait pu l'inquiéter. Peut-être qu'elle prenait conscience de certaines réalités, et de ce qui l'attendait. Et peut-être encore que ces réalités, bien que dures, étaient plus appréciables que l'inconnu, ou l'illusion. 

Alors que la nuit s'installait de plus en plus profondément, Ace se releva, s'étira et se craqua le dos, puis lança à une Hétalia toujours silencieuse:

- Je ne pense pas que Pacou attaquera de nuit. Il aime que le spectacle soit vraiment visible. Je pense qu'il serait préférable qu'on se repose un peu avant demain. On sait pas trop ce qui nous attend, mais mieux vaut être en forme je pense. On va redescendre, et tu pourras dormir dans ma chambre, et moi je monterais la garde. Je sais que t'es pas trop tranquille ici, donc comme ça tu pourras dormir sereine. Et puis moi je dors pas des masses. Ça te va?

Ace fît signe à ses pokémons de commencer à redescendre, alors qu'Akwakwak baillait un peu. Red était toujours hypnotisé, face au paysage, lorsqu'il fût rappelé à l'ordre. Quant à Ectoplasma, il semblait plus calme, concentré, jetant toujours des regards furtifs et louches à Hétalia. Ace se rapprocha d'Hétalia qui n'avait pas encore bougée, et se posta juste devant elle, en position accroupie, plongeant son regard dérangé dans celui beaucoup plus équilibré d'Hétalia, attendant sa réponse.

  - D'accord, acquiesçai-je doucement.

    Je me détachai du regard de Ace et me relevai rapidement, avant de balayer mes mèches rebelles d'un geste de la main. Les Pokémon de Ace eux, quittèrent rapidement du toit par la petite porte, suivis par Ace lui-même. Le seul qui ne bougeait pas était l'Ectoplasma. Qu'avait-il donc à me regarder comme ça ? Je ne pouvais m'empêcher de l'affronter du regard, chose qui ne semblait pas plaire à Tadi, qui battait des ailes si fortement que des volutes de poussières se soulevaient autour de nous. Il claquait du bec, son écho se répercutant sourdement aux alentours. La nervosité de mon rapace m'inquiétait, d'un point de vue. Mais il devait encore se faire des idées. Je lui fis un signe de la main pour qu'il se détende, et poussai à mon tour la porte en bois vermoulu pour rejoindre Ace, me décidant à ignorer le Pokémon spectre, qui ne cessait de garder son regard d'un rouge sang sur moi.

    Après avoir fait l'allée-retour, je me retrouvais à nouveau dans la chambre d'Ace. Elle était toujours plongée dans la pénombre, et la nuit tombante ne faisait qu'accentuer ce détail. Après avoir posé le pied dans la pièce, Ace se posta à l'entre-bâillement de la porte. Red se plaça sagement à côté de lui, silencieux. De là ou je me tenais, je ne distinguais qu'une forme vague de leur silhouette. Je tournai légèrement la tête, en direction du lit ou Akwakwak s'était déjà confortablement installé. Je m'avançai doucement dans la pénombre, avant de m'allonger à mon tour à l'opposé du Pokémon de glace, pour ne pas le déranger dans son sommeil. Le dos contre le mur, la pièce était désormais baignée par la lumière blafarde de la Lune. Je sentis une masse se rouler en boule et se coller contre mon ventre. C'était Tadi, qui s'ébroua avant de rentrer sa tête dans son plumage, un peu comme un Noarfang. Il somnolait déjà, sa respiration était plus paisible. Je posai ma main sur sa tête, avant de me tourner sur le dos et de fixer le plafond d'un air distrait.

   Je n'avais pas encore sommeil, trop de choses se bousculaient dans ma tête. Les paroles de Ace étaient les plus présentes. Je partageais, étrangement, son avis. Mais si c'était le cas, devais-je moi aussi suivre l'idéal d'Absolution ? J'avais depuis longtemps, songé quelle faction pourrait me convenir. Mais je repoussai rapidement Absolution. Cette faction me répugnait. C'était en partie elle qui avait indirectement gâchée ma vie, et celles de tant de personnes, comme me le prouvait les personnes errant dans le Quartier Pauvre de la ville.

    Et pourtant, je pouvais moi aussi tuer sans pitié lorsque la mort venait me narguer. C'est ce qui s'est passé dans les Splendeur de Cristal, ou même avant, dans le hall. J'étais indifférente et sans regret. Je ne sais pas si cela faisait vraiment de moi un monstre. A cette pensée, je plissai les yeux, le regard toujours fixé sur les lattes qui faisaient guise de plafond. Elles semblaient, elles aussi, s'effriter. Tout dans cette zone tombait en miettes. Même les gens vivant ici étaient piégés dans ce cercle vicieux.
    Finalement, à bien y réfléchir, j'étais peut-être une "méchante". Un léger sourire se dessina sur mes lèvres à cette pensée. Finalement, qu'étais-ce vraiment, la méchanceté ? Personne ne la définissait de la même façon. L'opinion même des gens sur ce sujet, pour moi stéréotypé, était différée. Etre méchant ne s'expliquait pas, à vrai dire. Il suffira de voir les guignols qui vont tenter de stopper Palkia et Dialga pour le soi-disant "Bien" du peuple. Et je n'étais pas méchante dans mes actes, ni dans mes choix à faire. J'étais sans doute une marginale à la définition basique et stéréotypée du méchant.

    La respiration lente de Tadi me sortit de mes pensées. Je le sentais contre mon flanc, une pensée qui m'apaisa aussitôt. Je déviai le regard vers Ace, qui était toujours posté à l'encadrement de la porte, Red se tenait toujours fièrement à ses côtés, et Akwakwak dormait paisiblement. Dans le noir, je ne vis que le regard rouge sang d'Ectoplasma percer la pénombre. Ce petit comique finit quand même par sortir de la pièce, lorsqu'il vit que son regard ne me faisait ni chaud ni froid. Je reposai mon regard vers le plafond, sentant le sommeil me gagner. Je décidai de me détendre un peu, pour une fois. Je réussis enfin à trouver le sommeil, débarrassée de tous mes doutes.
  
  Mon sommeil fut hanté par d'étranges images, qui me firent frémir, malgré mon profond sommeil.
Cependant, je ne parvins pas à les identifier clairement. Comme si ces flashs étaient vivants, et reviendraient de leur propre chef tôt ou tard.

Ace s'était posté dans l'encadrement de la porte, en compagnie de Red, tandis qu'Hétalia était allée s'allonger, son Roucarnage à ses côtés, et étrangement, Akwakwak les accompagnait aussi, bien qu'un peu plus distant. Ace tentait de ne pas trop réfléchir, il savait que les jours à venir seraient animés, et qu'il aurait besoin de toute sa concentration. Mais les paroles échangées avec Hétalia, bien que quasiment unilatérales, l'avaient tout de même rendu pensif. Il avait hâte de voir si les autres factions viendraient en aide à Madrigal ou pas. Il se disait que si c'était le cas, cela signifierait clairement que les enjeux politiques prenaient le pas sur l'analyse humaine. Ace était conscient qu'on le prenait pour un monstre, un malade, et ils avaient sûrement raison dans un sens, mais à ses yeux, les vrais monstres étaient ceux qui prônaient ces valeurs creuses et inhumaines, et qui préféraient voir des peuples sombrer progressivement dans la folie et la déchéance.

Ace réalisa que son but de découvrir le nouveau monde était beaucoup plus qu'un idéal. C'était la seule façon qu'il voyait de pouvoir un jour découvrir d'autres choses. Il avait plus que besoin de fuir ces peuples malades, ces gouvernements corrompus, ces meneurs bornés et naïfs. Il ne supportait décidément que très mal la compagnie humaine. Seuls quelques individus, présentant des caractéristiques différentes, ou plus proches des siennes parvenaient à attirer sa curiosité. Ace pensa alors à Pacou. Et étonnamment, cette pensée le fît sourire, et fît briller une lueur qui s'était estompée récemment dans ses yeux. Celle du manque, de l'envie. Il cessa donc immédiatement de penser à toutes ces choses, et se concentra sur la seule qui comptait réellement, et qui le faisait vibrer. Celle de la mort qui s'approchait d'Irratam. Bien sûr, Irratam et la mort entretenaient une relation étroite, la mort n'étant jamais très loin. Mais cette fois, il s'agirait de retrouvailles musclées, et il ne voulait manquer ça pour rien au monde. Ace avait été étonnamment calme dernièrement, et cette attaque lui permettrait de se lâcher un peu.

Il tourna la tête vers Hétalia, et afficha un étrange sourire. Il estimait que cette première "épreuve" constituerait son baptème du feu. Et bien qu'elle n'en soit pas consciente, elle affronterait bien assez tôt les choses qu'elle espérait ne pas avoir à faire aussi tôt...

Après quelques minutes d'égarement, Ace se vit rejoindre par Ectoplasma, qui était resté dans la chambre, discret, jusqu'à présent. Red lui adressa un regard, comme pour lui signifier qu'il acceptait sa présence, mais qu'il restait le seul maitre à bord. Ace recentra son attention sur l'extérieur de sa chambre, et observa les quelques allées et venues, aux étages inférieurs. Seul un homme passa devant lui, le regard baissé, marchant le plus près possible de la rambarde, donc le plus loin possible d'Ace. Ace le suivit du regard jusqu'à ce qu'il disparaisse complètement de son champ de vision, puis se mit de nouveau à réfléchir. Il allait devoir renforcer son équipe, en qualité, mais également en quantité. Il ne craignait pas cette idée, mais l'appréhendait. Il était très sélectif à ce sujet, et s'entendait rarement avec des pokémons. D'ailleurs, se disait-il, le contexte de sa rencontre avec Ectoplasma était surprenant. Bien qu'il ne lui fasse pas entièrement confiance, Ace sentait de bonnes ondes concernant Ectoplasma ( sûrement mauvaises pour d'autres, mais qui lui convenaient parfaitement ). Et il ne se l'expliquait pas. Quand cela arrivait, c'était généralement dû à des circonstances vraiment particulières. Il tourna alors la tête, dirigeant nonchalamment son regard vers Ectoplasma, et croisa le sien. Ectoplasma ricana doucement, son regard sadique se mettant à briller. Il y avait clairement quelque chose d'étrange à son sujet. Comme s'il savait des choses que personne d'autre ne savait...

  Après avoir à nouveau étudié un bout de papier chiffonné, l'homme rangea subitement son document dans la poche et reporta son attention en direction de la ruelle, qu'il espionnait depuis un bon bout de temps. Assis sur une pile de cartons abandonnés, il s'était arrêté un instant pour faire l'état des lieux, et songer à nouveau à son objectif.

  Pensif, il passa sa main sur ses cheveux grisonnants avant de jeter un coup d'oeil furtif derrière lui. On n'était jamais trop prudent. Et l'idée qu'il soit suivi était une éventualité qui restait à tout moment dans un coin de sa tête. Il avait une mission à terminer, et il se devait de l'accomplir avant que la ville soit détruite par les deux légendaires. Le temps lui était désormais compté. Il n'avait plus le droit à l'erreur. Et sa future proie ne serait pas facile à appréhender, loin de là. Le Traqueur passa sa main sur sa barbe naissante, avant de réétudier une nouvelle fois la seule et unique fiche qu'il avait pu obtenir de sa proie. Qui aurait un aller simple et violent vers l'Enfer. Cette perspective fit sourire le Traqueur. Habité par la soif de tuer, et surtout de vengeance, il allait enfin pouvoir s'occuper de son nouveau jouet. L'homme s'imprégna à nouveau du peu d'informations qu'il avait pu obtenir sur l'objet de sa nouvelle traque.

  Ace.
  Même le nom de ce mercenaire était une perle rare pour l'information. Il devait avoir la vingtaine. Mais le Traqueur était conscient de la force, et surtout de la folie qui habitait sa proie. Dans un sens, il aimait cette personnalité. Fascinante, et surtout mystérieuse. Mais il n'en demeurait pas moins que le Traqueur devait finir la mission qu'avait commencé son supérieur avant de mourir lamentablement de la main de ce schizophrène, il y a déjà plusieurs années, bien avant les événements actuels qui touchent Madrigal. Même son passé était flou. Le Traqueur ne trouvait rien qui puisse l'intéresser. Pas même les circonstances de son entrée dans le groupe de mercenaires que le Traqueur avait quitté il y a peu.

  Le Traqueur ne possédait pas non plus de photo de sa future victime, mais il l'avait vu bien assez de fois en action avant la mort de son patron. Et son regard était une chose, un détail qui restait gravé dans n'importe quel esprit. Il se devait d'être prudent. Et le Traqueur considérait tout cela comme un jeu. La carte de la prudence était de mise. Et celle de la rapidité aussi. Il se devait d'abattre ses cartes avec rigueur et stratégie pour éliminer une bonne fois pour toute ce fou furieux. Il se devait également d'être discret. S'il venait à se faire remarquer et démasquer, ces personnes rentreraient rapidement dans sa liste rouge.

  Il ne fallait aucun témoin. Chez les mercenaires, c'était une règle tacite. La première enseignée durant les premières années d'un tueur débutant.

  Le Traqueur dirigea son regard vers l'horizon, parsemé de nuages gris qui cachaient le ciel. Le danger arrivait, il le sentait bien. Il se leva donc, rabaissa sa capuche et continua sa route d'un pas pressé. Dans la ruelle, seule sa cape noire qui se mouvait à chacun de ses pas était visible. Il accéléra le pas, avant de déboucher enfin sur une zone en ruine, poussiéreuse, abandonnée. Il reconnut à vue d'oeil cette série de bâtiment, sobre, sans aucun numéro ni panneau. Un étrange sourire se dessina sur son visage. Il allait enfin passer à l'action. Un frisson lui parcourut l'échine, signe de son excitation et de son adrénaline naissante.
L'homme n'était plus qu'une silhouette dans les ténèbres. Il posa mécaniquement sa main sur sa ceinture, avant d'y sentir ses armes et ses couteaux. Il rangea la fiche de sa proie dans sa poche, avant d'avancer d'un pas lent vers un bâtiment qui lui était familier. Le QG de son groupe de mercenaires. Voilà longtemps qu'il n'y était pas revenu. Il avait de la chance que sa proie en fasse elle aussi partie.

  Comme pour y prendre plus de plaisir, le Traqueur monta lentement les escaliers en pierre défoncée. Lorsqu'il arriva devant la porte en bois vermoulu, il posa sa main sur la poignée de la porte, avant de jeter un coup d'oeil aux alentours pour s'assurer de sa discrétion. Personne. Il pouvait enfin passer à l'action.

 Et son plan était déjà tout tracé. Il savait que sa mission poserait sans doute un problème à cause des autres mercenaires présents. Ils seraient tous témoins. Et ce serait beaucoup trop risquer de s'aventurer à les tuer un par un. Il était seul contre tous. C'était de loin la meilleure solution.

  Il fallait qu'il monte tous les mercenaires contre Ace. Sa mission n'en serait que plus facile. Sa proie était présente ici, il en était sûr. Ses informateurs l'y avaient assuré. Un sourire carnassier se dessina sur le visage du Traqueur. Il poussa lentement la porte, qui émit un grincement inquiétant, avant de poser un pied à l'intérieur.

  - Traäp, vous aurez enfin votre vengeance...

    La nuit était déjà bien avancée, lorsque je fus brusquement réveillée par un nouveau cauchemar. Je me redressai si rapidement que je fus prise par un violent mal de crâne. Je pris mécaniquement ma tête entre les mains, avant de me laisser retomber lentement sur le lit. Je respirais par petits coups, les yeux grands ouverts. Comme si j'avais été prise dans une autre dimension. Tadi avait été réveillé à cause de mes brusques mouvements. Il se tenait désormais près de ma tête, et semblait anxieux à la vue de mon état. Il est vrai que je devais être extrêmement inquiétante, à l'heure actuelle. Mon mal de crâne ne semblait pas vouloir disparaître, et il me fallut de longues minutes avant de réussir à me calmer. Les dents serrées, une longue série d'images revenaient dans ma tête. Pire qu'un hurlement, j'avais l'impression qu'elles arrachaient une partie de moi-même.

    Je n'avais vu que des horreurs. La mort dans son état pur, une souffrance infinie que je ressentais dans chaque parcelle de mon corps, sans réellement en prendre conscience. Un portail, un immense portail... Un combat, violent, destructeur. Mais de qui, ou de quoi, là était la question. Cependant, je ressentais une impression de déjà vu. Ce n'était que des images, il fallait que je me calme... Aussi étrange que cela puisse paraître, mon instinct m'indiquait qu'il s'agissait plus d'un pressentiment que d'un simple rêve. J'étais énervée, voire frustrée, de ne pas en comprendre la signification. Puis soudainement, la dernière image que je n'étais pas parvenue à identifier se réinstalla dans mon esprit. Je plissais automatiquement les yeux, comme si j'étais persuadée que faire cela m'aiderait à mieux y voir... Les bords étaient flous, l'image même était floue, mais je distinguais facilement deux silhouettes que j'avais déjà "vu" passer dans ma tête précédemment. Palkia et Dialga, il me semble. Et un homme, qui se dressait contre les deux Légendaires, aussi étrange que cela puisse paraître. Je ne vis pas du tout qui c'était. Et si ç'avait été le cas, sa silhouette m'était inconnue. L'image était trop floue, et me donnait une violente migraine. Cependant, je "vis" un détail qui m'interpella. Le bras droit de cet homme était plus qu'étrange. Ravagé par une étrange brûlure, d'où émanait une énergie qui ne m'inspirait pas confiance. Lorsque je voulus en savoir plus, l'image disparut dans un claquement sec, qui se répercuta en écho dans mon esprit.

    Hébétée, je restai plantée dans la même position de longues secondes. Je réfléchissais, de plus en plus inquiète par les images que j'avais eue dernièrement en tête. Je devenais dingue, ou quoi ? Où était donc le lien avec toutes ces images, qui ne cessait d'intervenir aux moments ou je m'y attendais le moins ? C'était n'importe quoi. J'avais beau tenter de me convaincre que ce n'était que le hasard, ce dernier était bien trop brusque, cru et violent à mon goût. Il y a quelque chose qui ne va pas avec ces images. Elles ressemblent plus à des visions qu'autre chose. Comme si je savais des choses, que personne ne savait encore. Je serrai les dents, en y pensant.

    Alors que je voulais y songer plus longtemps, des voix humaines de plus en plus forte parvinrent à mes oreilles. Je fronçai les sourcils, avant de tendre l'oreille. J'étais d'abord persuadée que mon esprit me jouait des tours, mais je ne m'étais pas trompée. J'entendis également une clameur s'élever des étages inférieurs. Des bruits sec, ainsi que des cris de rage, et des détonations provoquées par des coups de pistolets. Tadi semblait anxieux à ce qui se passait. Je me redressai lentement, passant ma main sur mes yeux et mon visage avant de me redresser complètement. Au moment ou je posai un pied au sol, j'entendis un bruit sourd derrière moi, ainsi qu'une silhouette me dépasser. C'était Akwakwak, qui se posta au côté d'Ace. Ce dernier se tenait devant la porte de la chambre, et semblait sur le point d'entrer. De là ou je me tenais, je ne vis que son regard percer les ténèbres.

    ▬ J'allais te réveiller, me dit Ace. Viens voir.

    Je pris rapidement ma veste et la lançai par dessus mon épaule, avant de rejoindre lentement Ace. L'impression d'être sonnée s'ancra dans mon esprit, mais je préférais ne pas y prier d'importante. Je suivis du regard Tadi, quit se contentait de nous suivre en marchant à mes côtés. Lorsque je fus arrivée à la hauteur de Ace, je croisai le regard de Red. Il était sur le qui-vive, et il grognait en serrant de plus belle son os. Akwakwak était dans une posture d'attaque, et Ectoplasma semblait amusé par ce qui se déroulait sous nos pieds. Le sourire carnassier d'Ace m'intrigua encore plus. Je m'avançai lentement vers la rambarde, avant de constater avec surprise que des mercenaires étaient en train de s’entre-tuer, au rez-de-chaussée. Et c'était loin d'être beau à voir. Le sang giclait, et pas qu'un peu.

    ▬ Qu'est ce qui se passe ?, demandai-je en tournant la tête vers Ace. J'ai loupé quelque chose ou qu...

    Des bruits de pas qui montaient l'escalier, suivis de voix coupèrent court à ma phrase. Je tournai brusquement la tête, imitée par Tadi et les Pokémons de Ace, avant de découvrir un groupe de mercenaires, certains armés de pistolets, d'autre de fusils, ou même de couteaux particuliers. Le seul qui semblait amusé ici, c'était Ace. Son sourire trahissait son amusement et son impatience. J'aurais pu lever les yeux au ciel, mais je préférais m'abstenir de le faire. Je reportai mon attention sur les quelques mercenaires qui nous faisaient face. Ils étaient six, plus la septième personne qui se tenait en tête du cortège. Un homme aux cheveux poivre et sel, qui posa sur nous son regard d'un bleu délavé, assombri par le sang, et la vue de Ace. Tadi eut pratiquement la même réaction que les Pokémons de Ace. Les ailes prêtes à être déployées, il baissa légèrement la tête et darda un regard perçant sur les mercenaires qui se tenaient face à nous.

    Que voulaient ces mercenaires ? Je ne voyais pas ce qu'ils avaient contre nous subitement. Et encore moins ce qui s'était passé lorsque je dormais pour qu'ils soient tous en train de se massacrer entre eux. Je détournai mon regard vers la rambarde, ne pouvant m'empêcher de ressentir un dégoût absolu en voyant ce massacre. Pire que des bêtes sauvages. C'en était écœurant.

   ▬ Occupez vous de cette gamine, ça doit être la complice de ce malade !, s'exclama l'homme qui se tenait en tête du groupe, en désignant trois de ses compères.

    Ces trois mêmes personnes acquiescèrent, et contournèrent celui qui semblait être leur chef, avant de s'avancer lentement vers moi. En moins d'un instant, trois canons de pistolets furent pointés en ma direction. Et encore, je vis distinctement que ce n'était pas leur seule arme. Leur ceinture étaient alourdies par des armes blanches, et d'autres pistolets de différents calibres. Dans ma tête, se dessinait à toute allure un plan. Si je parvenais à dérober leurs pistolets... Leur carrure était beaucoup trop imposante pour moi. Je n'avais pas le choix, et je devrais recourir à cette initiative et à mes Pokémons.

    Du coin de l’œil, je regardai Ace et le chef du groupe de mercenaires, lui même entouré de trois autres hommes. Cependant, ces trois là passèrent inaperçus à mes yeux l'espace d'un instant. Ce que je voyais de mes propres yeux, c'était deux hommes qui s'affrontaient du regard. Et le combat physique risquait d'être beaucoup plus violent que je ne pouvais le penser.

Ace fixait Kelvin dans les yeux d'un regard plus que malsain, d'un regard dérangeant à l'extrême, dégageant de la haine, de l'agressivité, de l'amusement, de la folie... Il souriait tout en fixant l'homme qui lui faisait face.

- Hétalia, commença Ace sans bouger d'un cheveux, tu peux gérer pas vrai? Demanda-t-il.

- Oui t'en fais donc pas pour moi. Répondit-elle, une pointe d'agacement dans la voix.

La tension était palpable. Si bien que, malgré le chaos qui régnait quelques étages plus bas, ils semblaient être seuls au monde, comme le calme précédent la tempête.

- T'es qui? Lança Ace à Kelvin, toujours le même sourire aux lèvres. On dirait qu'on se connait, mais je te remets pas.

Kelvin ne répondit pas, tant il semblait concentré par la tâche qui l'attendait, et la dangerosité de celle-ci. Soudain, Hétalia passa à l'attaque, si vivement, et de façon si imprévisible, qu'elle surprit deux des hommes qui lui faisaient face, et leur arracha leurs armes des mains. Mais le troisième eut ainsi le temps de réagir, et lui asséna un gros coup de la crosse de son calibre sur le haut du front, la projetant ainsi au sol. Au même moment, Ace avait attrapé le crâne d'un des hommes de Kelvin, et l'avait fracassé contre le mur, avant de se saisir de l'autre, et de le jeter par dessus la rambarde. Kelvin semblait en proie à la panique, voyant ses hommes ainsi battus et mis hors d'état de nuire, en moins de deux secondes.

Hétalia quant à elle, était sonnée par le coup, mais parvenait quand même à garder les deux pistolets qu'elle venait de voler pointés sur ceux qu'elle avait détroussés. Le dernier à être armé gardait également son arme pointée sur elle, ajoutant ainsi à la tension. Mais c'est à ce moment que son Roucarnage s'éleva dans les airs, poussa un grand cri, et à grands coups d'aile, permit à Hétalia de bondir, l'air concentré et meurtrier, tout en tirant sur le mercenaire se trouvant le plus à droite. La balle se logea dans son globe oculaire, le faisant ainsi éclater. Avant même de retomber sur le sol, Hétalia pointa l'arme qu'elle tenait de la main gauche sur la tête de celui encore armé, et tira. L'homme tira à son tour, touchant l'épaule gauche d'Hétalia, mais s'écroula juste après, la balle s'étant logée en plein milieu de son front, tapissant ainsi le mur dans son dos d'une quantité astronomique de sang et de bouts de cervelle. Il ne lui restait plus qu'un seul adversaire, désarmé. Hétalia regarda rapidement son épaule, et constata la blessure. Rien de grave, mais ça pouvait être handicapant pour le combat, il fallait qu'elle en finisse vite. Mais avant même qu'elle ne puisse esquisser le moindre geste, et alors que le dernier mercenaire qui lui faisait face semblait vouloir passer à l'attaque, Ectoplasma surgit de nulle part, laissant échapper un rire démoniaque, plongeant les alentours dans un noir profond et intense. Deux hurlements se firent entendre, puis la faible lumière revint, offrant ainsi aux protagonistes une visibilité, bien que réduite pour certains.

Hétalia constata que le mercenaire était au sol, dans une posture qui lui semblait humainement impossible, et que son visage avait disparu. Ectoplasma se tenait à côté, ses yeux rouges brillant dans la pénombre, toutes dents sorties. Hétalia se tourna vers Ace, pour voir comment il s'en sortait, et constata que le deuxième cri qu'elle avait entendu était venu du dernier mercenaire qu'il n'avait pas neutralisé. Sa mâchoire était arrachée, laissant ainsi pendre sa langue hors d'un trou béant qui était encore il y a quelques secondes sa bouche. Seul restait Kelvin, dont l'assurance et l'agressivité avaient totalement disparues. Les deux hommes se fixaient, mais l'un d'eux était clairement devenu la proie, tandis que l'autre était le seul prédateur présent.

- Va rassembler nos affaires. Déclara Ace à l'intention d'Hétalia, sans détourner le regard de l'homme qui sentait sa fin approcher. On lève le camp.

Le vacarme était assourdissant dans le QG, et le bâtiment commençait à prendre feu. Le chaos était bel et bien présent, et Ace semblait s'en délecter. Ce genre d'animation avait du lui manquer dernièrement, et le présent qu'il avait l'intention d'offrir à son amie la mort se devait d'être le plus remarquable et morbide possible...

  Je baissai légèrement la tête pour montrer mon approbation à Ace, avant de me baisser vers le cadavre d'un des mercenaires. Je lui arrachai sans aucune retenue la lanière de cuir qui soutenait ses différentes armes, avant de la tendre face à moi. Trois pistolets, quelques cartouches et une arme blanche. J'étais étrangement convaincue qu'ils me seraient d'une grande utilité. Je balançai la ceinture par dessus mon épaule encore valide, ignorant la douleur lancinante qui tiraillait mon épaule gauche et la migraine qui me vrillait le crâne. Tadi dardait son regard sur le dernier ennemi, que Ace s'était réservé depuis avant. Le meilleur pour la fin, sans doute.

  J'échangeai un rapide regard avec Ectoplasma, avant de le remercier en silence et de me diriger vers la chambre de Ace. Je sentis au passage, une odeur de brûlé. Je m'arrêtai à l'embrasure de la porte, et croisai le regard du dernier mercenaire restant. Je ne pus m'empêcher de lui adresser un sourire mauvais, avant de disparaître dans la chambre de Ace. J'attrapai rapidement mon sac qui traînait sur le lit, et l'ouvrit, avant d'y fouiller pour retrouver mon rouleau de bandages. Après l'avoir coupé grossièrement, j'attrapai la manche de mon t-shirt entre mes dents avant de faire un garrot rapide à la hauteur de la plaie. Je la soignerais plus tard. J'attachai également mes nouvelles armes autour de ma ceinture, avant d'enfiler ma veste à toute allure et d'attraper mon sac, et mon sabre. Ceci fait, je me dirigeai vers la seule table qui trônait dans la pièce. J'attrapai la sacoche d'Ace, ainsi que les trois contrats dont ils m'avaient parlés il y a quelques heures. Au moment ou je m'apprêtai à les lire, j'entendis un bruit assourdissant qui me fit sursauter. Je tournai la tête vers ma gauche, avant de constater que le dernier mercenaire restant avait traversé le mur qui séparait la chambre du couloir. Surprise, je suivis du regard la longue traînée de sang qui colorait maintenant le sol de la chambre.

  Le mercenaire avait également un trou béant au ventre. Il n'en fallait pas moins pour qu'il meure. Mais je n'avais pas l'impression que Ace avait touché un organe vital. Comme s'il voulait s'amuser un peu, avant de le tuer pour de bon. La force de Ace m'impressionnait, mais je n'eus pas le temps de me poser plus longtemps la question. Je vis Ace apparaître par le trou qu'avait traversé le mercenaire. Il posa un pied dans une flaque de sang, fier de son oeuvre et impatient de je ne sais quoi. Red le talonnait, ses yeux brillants d'une lueur malsaine à la vue du sang.

  Tadi se tenait à l'embrasure de la porte, et affichait un air neutre, qui ne me permit pas de déchiffrer ses pensées. Je reportai mon attention sur Ace, avant de constater qu'une longue plaie progressait le long de ses côtes. Il tenait dans sa main un couteau ensanglanté, et malgré la douleur, il semblait la supporter mieux que moi. Akwakwak et Ectoplasma se tenaient près de l'embrasure de la porte, et semblaient attendre patiemment le geste fatidique. Cependant, du coin de l’œil, je vis le mercenaire ramener sa main à sa ceinture. Comme dans un dernier effort, il attrapa la crosse d'un de ses pistolets, de plus gros calibre que les précédents. Lorsque je le vis relever lentement le pistolet, non pas en direction de Ace mais vers Red. Je ne compris absolument pas ce qui se passait dans la tête de ce malade, mais j'eus immédiatement le réflexe d'attraper un des nouveaux joujoux attachés à ma ceinture, avant de pointer du pistolet la main du mercenaire et de tirer sans aucune retenue. La balle atteignit facilement sa cible, et un cri de surprise suivit l'impact. La main du mercenaire était maintenant à demi-explosée, mais ne préférant pas m'attarder sur les détails, je dardai un regard sombre sur la future victime de Ace.

  ▬ Tu l'as cherché, maintenant, assumes ta mort au lieu d'agir lâchement, marmonnai-je d'une voix glaciale avant de replacer le pistolet dans son Holster.

  Je tournai les talons, et lançai la sacoche de Ace en sa direction. Il la rattrapa machinalement, le regard toujours rivé en direction du mercenaire. Un sourire carnassier aux lèvres, il attrapa sa machette et s'avança lentement vers sa future victime. Je sortis de la pièce pour lui laisser le champ libre, avant de tourner la tête pour examiner les lieux. Outre les cadavres sanglants de nos ex-attaquants, qui avaient tapissés la moitié du couloir de sang et d'organes, je remarquai que le restes des mercenaires qui combattaient plusieurs étages plus bas commençaient à monter lentement les escaliers, paniqués. Je fronçai les sourcils, avant de comprendre la raison de leur énervement. De longues flammes orangées dansaient au milieu du rez-de-chaussée, et commençaient à remonter lentement le long des rideaux miteux, avant de se propager dans le hall. Elles commençaient leur montée inexorable. Ce n'était désormais qu'une question de temps, avant que le bâtiment soit pris sous les flammes. Passer les mercenaires risquaient d'être compliqué, au vu de l'immense agitation qui régnait. Il fallait vraiment que nous nous dépêchions. La mâchoire contractée, avec la disparition de l'adrénaline qui avait baigné mon corps, je commençais à sentir une douleur grandissante au niveau de l'épaule. Heureusement pour moi que l'onde de choc dans mon corps à la suite de l'impact n'avait pas été trop importante. Je pourrais encore tenir un petit moment.

  Je rabattis ma capuche sur la tête, et tournai légèrement la tête en direction de Ace, qui allait passer à l'action d'un instant à l'autre.

Ace était habité par une rage sans précédent. Peut-être que l'incroyable tension régnant dans le bâtiment, mêlée au danger qui guettait Irratam, en était la cause. Il s'avançait vers Kelvin qui tenait son avant-bras au bout duquel se trouvait désormais un amas de chair, de sang, et de résidus de poudre. Le regard de Kelvin était l'incarnation même du désespoir. Il semblait frustré de surcroît. Son plan avait échoué. Il l'avait pourtant si bien ficelé. Un homme avait tenté de faire tomber l'un des plus grands psychopathes et meurtriers qu'Irratam ait connu, mais la mort avait choisi son camp, et n'en changeait pas. 

- Achèves-moi avec honneur au moins. Déclara Kelvin, dont le souffle était court, et le regard voilé.

Sa voix avait à peine couvert le vacarme qui régnait quelques étages plus bas. La chaleur de l'incendie commençait à se faire ressentir, mais Ace ne semblait même pas s'en rendre compte. Il avait perdu le contrôle. Alors qu'Hétalia l'attendait dans l'embrasure de la porte, le regard se tournant respectivement vers Ace puis vers le couloir, Ace se léchait les lèvres.

- Ta gueule. Je t'achèverais comme je veux ok? Répondit-il avec son sourire incroyablement malsain.

Kelvin baissa les yeux, il savait ce qui l'attendait, et qu'il ne pouvait pas espérer de la part d'un homme tel qu'Ace d'être traité avec respect.

Ace se précipita alors vers Kelvin, levant sa machette du bras droit, et riant comme un dément. Il s'arrêta soudainement juste devant lui, sa machette à quelques millimètres de l'oeil gauche de Kelvin, et s'adressa à lui, en murmurant dans son oreille:

- Je te demanderais pas si on se connait. Je sais qu'on se connait. Mais ce qui me surprend, c'est que t'aie eu les couilles de vouloir me tuer, justement, en me connaissant. Je te reconnais ça. J'aime bien ça. Aujourd'hui, la chance et la mort sont de nouveau de mon côté.

Ace positionna alors son visage juste devant celui de Kelvin, et approcha sa machette de la bouche de Kelvin, le forçant ainsi à ouvrir cette dernière. Il enfonça alors d'un geste sûr et puissant sa machette au fond de la mâchoire de Kelvin, traversant son crâne, et offrant sa proie à son amie, la mort. 

Ace se releva rapidement, essuya sa machette sur la fourrure de Caninos toujours sur ses épaules, et rejoignit Hétalia qui l'attendait toujours juste devant la porte. Des dizaines de mercenaires continuaient de se battre dans les escaliers, se rapprochant toujours un peu plus du dernier étage, fuyant le feu qui faisait rage au rez-de-chaussée, gagnant rapidement le premier étage.

- On doit filer. Dit Hétalia. Ça se gâte. 

- T'en fais pas. On va y aller. T'as récupéré toutes nos affaires.

- Oui.

- Ok. Allons-y alors, on va devoir trouver une sortie, et se frayer un chemin. Je pense qu'on pourra peut-être partir du deuxième étage. 

Hétalia acquiesça, puis fit signe à son Roucarnage de prendre les devants, immédiatement accompagné par Red, habitué à se situer en tête du cortège. Akwakwak et Ectoplasma fermaient la marche, tandis que les deux alliés commencèrent à descendre les marches, laissant derrière eux un carnage effroyable, sans un regard vers celui-ci.