Concentrée à l'extrême sur un moyen de sortir rapidement du bâtiment, je sortis brièvement de ma réflexion lorsque je détournai le regard vers Ace, avant de remarquer sa plaie aux côtes. Il ne semblait même pas l'avoir remarqué.

▬ Ça va ta blessure ?, demandai-je en indiquant sa plaie d'un bref geste de la main.

Une légère douleur se profila le long de mon bras. Je posai mécaniquement ma main sur mon épaule touchée, avant de masquer mon nez et ma bouche de la manche de mon bras encore valide. Une fumée âcre commençait à s'élever sournoisement, dégagée par les longues flammes orangées qui occupaient désormais tout le rez-de-chaussée. L'incendie se propageait rapidement, et il n'était désormais plus qu'une question de temps pour que l'incendie touche tout le bâtiment. Je fronçai les sourcils, dardant mon regard autour de moi pour chercher en vain une sortie. Ace avait parlé d'une possibilité de fuir par le second étage. Mais je n'osais pas lui demander s'il se souvenait par quel endroit nous pouvions passer. Il semblait également avoir une mémoire plus que défaillante. Peut-être que Red pourrait m'indiquer par où nous pouvions passer, mais ça m'étonnerait grandement qu'il soit amical à mon égard.

Il ne me restait plus qu'une solution fiable face à moi. Je glissai ma main dans ma sacoche, et attrapai une de mes Pokéballs, afin d'obtenir l'aide de Sora. Cette dernière jaillit instantanément hors de son réceptacle. Perchée aux côtés de Tadi, sur la fragile balustrade, elle fit un rapide état des lieux, se demandant dans quel pétrin je l'avais encore fourrée. Elle posa alors son regard de braise sur Ace. Sans doute peu ravie de voir un étranger à mes côtés, elle continua sa petite inspection du regard, jusqu'à ce que je claque des doigts devant ses yeux pour qu'elle arrête son analyse. Elle redressa sa tête vers moi, tandis ce que je baissai ma tête près d'elle, pour lui donner mes directives.

▬ Bon. Comme tu peux le voir, on est légèrement dans une situation à problèmes. Je sais que tu es assez résistante pour supporter la chaleur, c'est pour ça que j'aimerais que tu essaies de nous dénicher une sortie autre que celle du rez-de-chaussée. Tu t'en sens capable ?

Au vu de son petit air supérieur, j'en conclus qu'elle devait être d'accord. Elle pencha légèrement la tête, avant de battre brusquement des ailes et de s'envoler en un éclair. Elle prit de la hauteur, et fit rapidement demi-tour avant de foncer droit dans la fumée, qui camouflait une grande partie du lieu qui nous entourait. Après avoir échangé un rapide regard avec moi, Tadi s'éleva à son tour, et descendit en direction du hall. Il allait faire un rapide bilan de ce qui se passait sous nos pieds. Mais il me semble surtout que malgré tout, le combat entre les mercenaires continuaient, au vu du vacarme monstre qui parvenait à mes oreilles. Inconscients à ce point...

J'entendis même des bruits de pas précipités vers nous. Sans doute des hommes qui fuyaient, ou qui voulaient encore nous régler notre compte. Ce qui ne m'échappait pas non plus, c'était les coups de pistolets et de fusils que j'entendais. Et bien évidemment, il y avait un risque d'être touché par une balle perdue. Je n'avais pas pensé à cette éventualité, j'étais désormais anxieuse en songeant à Sora et Tadi, qui avaient disparut de mon champ de vision. Je poussai un long soupir. Ma gorge n'en fut que plus irritée à cause de la fumée. Je grimaçai, prise d'une légère quinte de toux, avant de dupliquer mon attention à ce qui se passait autour de moi. Non contente de remarquer de des mercenaires venaient en notre direction, j'entendis un craquement sourd un peu plus bas. Ce devait être les marches du premier étage qui allaient bientôt céder. Et si nous ne trouvions pas de solution rapidement, ce serait bientôt l'étage sur lequel nous nous trouvions qui céderait bientôt.

Toujours alerte, je reportai mon attention face à moi. Red et Akwakwak semblaient à nouveau sur le qui-vive. Quant à  Ace, il semblait amusé par toute l'agitation qu'il pressentait.
Les coups de feu, qui ne cessaient depuis avant, recommencèrent, et se perdirent dans le panache de fumée qui commençait à envahir dangereusement les étages supérieurs.

Désormais, le temps leur était compté. Ils ne pouvaient plus se permettre d'attendre. Le feu tout comme les mercenaires allaient rapidement atteindre leur position, et la fumée devenait également dangereuse. Ace jeta un rapide coup d'oeil à Hétalia et lui fit un signe de la tête, indiquant qu'ils allaient devoir passer à l'action. Il détourna ensuite son regard pour le poser sur ses trois pokémons qui, concentrés, attendaient les instructions. Enfin, il passa sa main sur sa longue blessure aux côtes. C'était douloureux, mais pour le moment, Ace ne s'en souciait guère, il avait une vie à sauver, la sienne. 

Alors qu'Ace allait se mettre en mouvement, un cri strident retentit. C'était celui du Roucarnage d'Hétalia. Celle-ci comprit qu'il avait du trouver une sortie potentiellement exploitable un peu plus bas, et s'adressa à Ace:

- On a une sortie. Rejoignons-le.

Ace acquiesça d'un signe de tête, et se mit en route, précédé de Red, et suivi d'Akwakwak et d'Ectoplasma. La petite troupe s'engagea dans les escaliers, se protégeant la bouche de la fumée à l'aide de leurs vêtements et de leurs mains. Le chaos continuait de régner, le feu gagnait en intensité, et les mercenaires commençaient à se rapprocher d'eux. Le premier arriva à leur hauteur et tenta de les attaquer dans un cri de rage, symbolisant plus le désespoir de celui-ci qu'autre chose. Mais Red s'interposa, il sauta dans les airs, et broya le crâne du mercenaire à l'aide de son os, avant de retomber et de reprendre sa route comme si de rien n'était. Chacun d'eux savait qu'il ne fallait pas perdre une seconde, et que chaque mouvement, chaque coup, devait être millimétré. Hétalia continuait de tenir un pistolet dans sa main valide, au cas ou, tandis qu'Ace tenait sa machette prête à l'emploi.

Après quelques secondes, ils débouchèrent sur le deuxième étage.

- Tadi, où es-tu?! S'exclama Hétalia.

La visibilité était quasiment nulle, et le temps pressait. Ace posa son regard sur l'étage inférieur et constata qu'ils avaient été repérés. Un groupe d'au moins cinq mercenaires commençaient à grimper rapidement les marches les séparant d'Ace et d'Hétalia. Le cri du Roucarnage se fit alors entendre, leur indiquant qu'ils se trouvaient au bon étage, qu'ils n'avaient plus qu'à remonter le couloir pour le rejoindre. Mais tourner le dos à ces mercenaires qui venaient d'arriver à leur niveau n'était pas une option. Ace se mit en position d'attaque, immédiatement imité par Hétalia qui venait de remarquer leur présence.

- On a pas le droit à l'erreur. Dit Ace à l'attention d'Hétalia d'une voix basse alors que le feu venait de consumer tous les escaliers menant au premier étage. Faut faire vite, et bien.

Comme pour lui répondre, Hétalia pointa son arme sur la tête du mercenaire qui lui faisait face, et tira, abattant sa cible avec efficacité. Les mercenaires semblaient atteints de folie, comme s'ils savaient que la mort était la seule option qu'il leur restait. L'un d'eux hurla de rage, et sortit un fusil, qu'il pointa directement sur Ace, avant de tirer. Ace avait anticipé, et avait commencé à se décaler sur la gauche pour éviter la balle. Mais bien qu'il soit très rapide, il fut quand même touché. La balle se logea dans son avant-bras droit. La douleur le fit sourire, et sembla le motiver d'autant plus. Il fila en direction de son assaillant, et lui arracha le fusil des mains, avant de le balayer d'un geste quasiment simultané. Il lui enfonça ensuite le canon du fusil dans la bouche, le tuant ainsi sur le coup. Sans même s'arrêter, il attrapa le bras de celui qui se trouvait à côté, et l'arracha dans un cri de rage, avant de le frapper avec, le faisant ainsi basculer par-dessus la rambarde, et tomber dans le feu du rez-de-chaussé. Il n'en restaient plus que deux. Il attrapa l'un d'eux, et lui asséna un terrible coup de tête, sous le regard tétanisé du dernier mercenaire qui observait la scène, impuissant. À genou au dessus de sa proie qu'il maintenait au sol, Ace continuait d'enchainer les coups de tête, broyant ainsi le crâne du mercenaire un peu plus à chaque coup, jusqu'à ce qu'il n'en reste qu'une bouillie informe. Soudain, un coup de feu retentit à nouveau, et un corps s'écroula. Le dernier mercenaire était à terre. Ace l'avait complètement oublié, tant il était absorbé par ce qu'il faisait, comme dans un état second. Mais Hétalia veillait au grain, et avait neutralisé le dernier homme alors qu'il s'était ressaisi et avait tenté de mettre un terme au carnage d'Ace.

Ace resta quelques secondes comme ça, toujours au-dessus du corps de celui qu'il avait défiguré, le visage en l'air, les yeux fermés. Son visage, et son corps étaient couverts de sang, mais la réalité n'attendait pas, et Hétalia vint lui secouer l'épaule en lui désignant les flammes qui n'étaient plus qu'à quelques centimètres. Ace se releva alors, et suivit Hétalia qui lui indiquait la direction à suivre pour rejoindre son Roucarnage...

Je plissai les yeux, en vain, mais continuai néanmoins d'avancer dans le couloir d'un pas pressé. Il n'en fallait pas moins pour que le sol se dérobe sous nos pieds, et il n'était pas question de traîner plus que ça. Je tournai la tête, avant de siffler bruyamment en direction du vide pour que Sora revienne. Mais au bout de plusieurs secondes, je ne vis rien, pas même sa silhouette dans la fumée, qui s'était emparée de tout le bâtiment désormais. Je serrai les dents, agacée par ma douleur lancinante à la tête et à l'épaule, et par la difficulté que j'avais à respirer. Faire un effort physique dans un environnement pareil n'arrangeait pas non plus les choses, loin de là.

Mais tandis ce que je continuai à avancer, suivie par Ace, j'entendis un craquement sourd derrière nous. Je tournai la tête, et au même moment, une poutre enflammée percuta violemment le sol. Je sursautai sous la surprise, et après un craquement plus sourd que précédemment, le sol céda sous le poids de la poutre. Fort heureusement, la partie du sol sur laquelle nous nous tenions résista au contrecoup. Mais pour combien de temps... J'avais l'impression que la structure même du sol était désormais désequilibrée, puisque je fus obligée de me courber légèrement pour retrouver mon équilibre. Ace et ses Pokémon imitèrent mon geste, d'ailleurs. Nous ne pouvions plus rebrousser chemin, il fallait que nous avancions désormais, et le plus vite serait le mieux.

A l'opposée de nous, j'entendis de nouveau le cri perçant de Tadi. Je fronçai les sourcils, et au moment ou je tournai la tête face à moi, je vis une silhouette furtive me bondir dessus. Je n'ai pas eu le temps de réagir, ni de dégainer mon arme pour me défendre. En moins d'un instant, un poing s'est violemment abattu sur mon visage. J'ai légèrement reculée, déboussolée, avant qu'une main brusque m'attrape le cou. La même poigne de fer resserra son étreinte avec, force, avant de me pousser en arrière sans pour autant me lâcher. Je sentis une légère pression dans mon dos. Celle de la rambarde, qui me séparait du vide. J'ouvris légèrement les yeux, voyant enfin face à moi celui qui venait de m'assommer à moitié. Un mercenaire, beaucoup plus grand que moi. Ses yeux étaient emprunts d'une touche de folie, d'envie de tuer, qui me stoppa l'espace d'un instant. L'homme me poussa un peu plus, avant de bloquer mon autre bras de sa main gauche, et  de décaler légèrement sa main droite de mon cou à la naissance de mon épaule blessée. Et bien évidemment, il s'amusa à presser fortement ma blessure. Une vive douleur s'échappa de mon épaule, et j'eus l'impression qu'elle s'était dispersée dans tout mon corps. Un gémissement s'échappa de ma gorge, tandis ce que je fusillai du regard le mercenaire, qui s'amusait à me faire mal, avant de me tuer sans doute.

Mon poignet était bloqué. Impossible d'utiliser mon pistolet. Impossible de faire ne serait ce qu'un seul mouvement pour me sortir de ce pétrin. Les vapeurs toxiques de l'incendie me prenaient à la gorge. Ajoutées à la poigne de fer de l'homme, dont deux seuls de ses doigts écrasaient déjà ma gorge, je suffoquai, coincée entre la rambarde. Si je tentais ne serait ce qu'un seul réflexe pour me sortir de là, je basculerai dans le vide. Lentement, je déviai mon regard à ma droite. Je n'avais pas remarqué qu'il y avait quatre autres mercenaires qui étaient présents. Ils encerclaient Ace, qui n'avait pas remarqué ma détresse silencieuse tant il était happé par son désir de tuer. Furtivement, aussi rapide qu'une ombre, il bondit en direction d'un des quatre homme. Ce fut rapide. D'une main, il attrapa violemment son visage, avant de fracasser violemment le crâne de son ennemi contre le sol. Une gerbe de sang colora le sol, parsemé de bout de cervelles. Ace semblait se délecter de son oeuvre, et toujours dans la même position, il redressa la tête et remarqua alors la posture dans laquelle je me trouvais.

Nous échangeâmes un regard, l'espace d'une seconde, qui sembla pourtant durer de longues minutes. Semblait-il inquiet de la situation dans laquelle j'étais bloquée ? Non, ça m'aurait étonné. De toute façon, ce n'était sans doute pas le genre de personne à s'attarder sur ce genre de problème.
Je l'ai cherchée de toute façon... je me doutais des risques, et voilà. Ça devait arriver. Derrière Ace, Red et Akwakwak arrêtèrent les deux mercenaires qui allaient s'en prendre à leur maître en leur fracassant le crâne d'un coup violent.

Si je dois mourir de façon aussi pitoyable, ce sera bien fait pour moi... Je ne vois pas de solutions. Mes membres sont bloqués, endoloris, et je suffoque. Mon bourreau m'adressa un sourire satisfait, avant de glisser sa main à sa ceinture. Il allait sans doute me tuer une bonne fois pour toute. Je serrais les dents, et lui lançai un regard meurtrier, qui se refléta dans ses prunelles. Au même moment, dans mon dos, j'entendis un cri strident. L'attention du mercenaire fut détournée, et avant que je ne puisse m'en rendre compte, je vis Sora s'abattre avec rage sur le mercenaire, qui poussa un hurlement et recula sous le choc. Elle venait de lui lancer Vive Attaque, fracassant la tête de l'homme de ses serres aiguisées. Je me laissai tomber au sol, la main sur le cou, déboussolée. Je me sentais bizarre d'avoir été à deux doigts de mourir. Je levai lentement les yeux vers Sora, qui s'était posée au sol. Elle darda un regard meurtrier sur le mercenaire, qui était complètement sonné, avant de tourner la tête vers moi. Son air anxieux me surprit l'espace d'un instant. Mais elle se rattrapa rapidement, et s'approcha de moi sans doute pour me convaincre de me relever. Ce que je fis, difficilement, maladroitement.

J'essuyai le sang qui perlait au coin de mes lèvres, les yeux fermés. Trop sonnée pour reprendre conscience, du danger qui nous entourait, et qui menaçait de fondre sur nous à seconde qui s'écoulait.

Ace et Hétalia ne pouvaient plus se permettre de rester là, le danger devenait bien trop grand. Il restait un mercenaire face à Ace qui commençait à fatiguer. Il se redressa d'un pas chancelant, et lui décocha un énorme coup de poing dans le menton, qui l'envoya voler quelques mètres plus loin. Son geste témoignait de sa fatigue. Il se retourna alors en direction d'Hétalia, le regard plus brillant que jamais, les joues creusées, saignant toujours abondamment au niveau des côtes. 

Ace regarda autour de lui et constata l'ampleur des dégâts. Il devait réellement se dépêcher. Il se mit à courir en direction d'Hétalia et du mercenaire toujours sonné à ses pieds. Il arriva à sa hauteur et enfonça son pied dans l'arrière du crâne de ce dernier, qui avait commencé à se relever. Il s'adressa alors à Hétalia qui, comme lui, semblait perdre ses moyens en raison de la fatigue, des blessures, et de la fumée qui rendait leur respiration plus qu'irrégulière.

- Je vais nous faire sortir d'ici ! Je te demande de me faire confiance ok? On a plus le temps d'écouter nos pokémons et de tourner en rond comme des connards tout va s'effondrer ! 

Hétalia approuva sans hésiter, alors qu'elle avait du mal à se remettre de l'agression qu'elle avait subie.

Ace l'attrapa alors, et la plaça sur ses épaules tout en lui demandant de se protéger la bouche et le visage, et commença à courir vers le fond du couloir, suivi de près par ses trois pokémons et ceux d'Hétalia qui le surveillaient attentivement du regard. Ace repéra alors une porte qui semblait accessible et y pénétra en l'enfonçant sauvagement, talonné par les flammes et la fumée qui se rapprochaient dangereusement. Résonnaient au loin les hurlements de douleur des malheureux piégés par les flammes. La pièce était vide, et seuls deux meubles (un lit et une armoire) faisaient office de décoration. Mais Ace ne s'attarda pas sur ce détail et repéra la fenêtre vers laquelle il s'empressa de courir.

- Fais gaffe ! Lâcha-t-il à l'attention d'Hétalia.

Il sauta alors à travers la fenêtre qui vola en éclats sous l'impact. Seule une dizaine de mètres les séparait du sol dans leur chute, mais c'était suffisant pour être très dangereux. Immédiatement, Ace se retourna, plaçant ainsi Hétalia face à lui, et, juste avant l'impact, la propulsa au-dessus de lui, pour amortir sa chute. Son dos, en revanche, percuta violemment le sol, lui arrachant ainsi un cri de douleur, tandis qu'Hétalia retomba juste à côté, un peu plus doucement. Leurs pokémons respectifs atterrirent différemment. Le Roucarnage et le Flambusard d'Hétalia avaient respectivement pris Red et Akwakwak sur leur dos, tandis qu'Ectoplasma grâce à son talent lévitation avait atterrit en douceur. 

Soudain, alors qu'Ace était toujours au sol, il sentit une douleur lancinante au niveau de la gorge. Il passa sa main dessus, et sentit une abondante quantité de sang en jaillir. Une profonde coupure au niveau de sa carotide le vidait de son sang. Probablement à cause du verre de la fenêtre. Sa vision se brouillait dangereusement, tandis qu'il sentait ses forces le quitter. Il tourna la tête vers sa droite en direction d'Hétalia qui était à genoux, en train de tousser, et qui ne l'avait pas remarqué. Derrière elle il aperçut une silhouette. Grande et noire, encapuchonnée. Il s'agissait de sa fidèle amie, la mort. Cette fois, elle venait pour lui, pensa-t-il. Un sourire s'afficha sur son visage alors qu'il toussa en crachant un peu de sang, et que ses paupières se fermèrent lentement, le plongeant ainsi dans les ténèbres...

      Enfin... Enfin sortis de cet enfer vivant.
Je gardais les yeux clos depuis un long moment déjà, prise par ma quinte de toux qui enflammait ma gorge. Les bruits qui me parvenaient étaient en sourdine, et l'énergie qui m'avait envahie se vidait peu à peu de mon corps. C'est lorsque je sentis quelque chose me piquer le bras que je rouvris lentement les yeux, mais cependant peu, pour distinguer clairement ce qui se trouvait autour de moi. Je n'eus aucun mal à deviner qu'il s'agissait de Tadi, ou Sora. Sans regarder, je devinais même qu'ils semblaient agités. C'est au moment ou je me questionnais, que je sentis un liquide chaud contre ma main droite. Une étrange sensation, d'ailleurs. Je baissai légèrement la tête, les sourcils froncés. Un frisson me parcourut l'échine lorsque je vis distinctement qu'il s'agissait de sang. Une flaque vermeille, qui progressait lentement au sol. Je relevai lentement ma main, immaculée de sang, avant de tourner brusquement la tête vers Ace. Il se tenait à quelques centimètres de moi, les yeux mi-clos, un sourire affiché sur son visage, qui m'inquiéta plus qu'autre chose.

      Mon regard se riva sur la profonde coupure qu'il avait à la gorge. Son sang giclait par saccades, et il me fallut un instant pour comprendre que sa carotide était touchée. Les yeux écarquillés, je tournai subitement la tête en direction du bâtiment en feu, qui émit un craquement sourd, ponctué par des hurlements qui me parurent inhumain. Je serrais les dents, prise d'une soudaine montée de panique, avant de me jeter littéralement sur Ace. Je le redressai brusquement, ignorant les tiraillements de mes muscles, avant de maintenir sa tête légèrement redressée et de palper des doigts l'origine de sa plaie, avant de presser sous sa plaie. Mes gestes étaient hésitants, et il me fallut plusieurs secondes de tâtonnement pour trouver le bon point. Je dirigeai mon attention vers le visage d'Ace, lui donnant une petite tape sur la joue pour le réveiller. Il n'eut aucune réaction, jusqu'à ce que je me mette à le secouer légèrement.
▬ Ace ! Tu crois vraiment que c'est le moment de mourir, là tout de suite ? Essaies de garder les yeux ouverts, c'est pas le moment de flancher.
      Ma voix, bien que contrôlée, était ponctuée par les piques de stress qui me prenaient de cours. Je réfléchissais à toute allure, tenant toujours Ace dans une position demi-assise, avant d'entendre un vacarme monstre provenir du bâtiment, suivi de voix humaine. Sans savoir pourquoi, je me doutais qu'il valait mieux que nous ne fassions par remarquer. Je dirigeai mon regard vers Red et Akwakwak, qui semblaient malgré tout anxieux par l'état de leur maître.
▬ Aidez moi à le porter, avant qu'on se fasse remarquer, marmonnai-je dans un souffle en me redressant lentement.
      Pour une fois, ils ne discutèrent pas et attrapèrent rapidement les jambes d'Ace, avant de les soulever avec une plus grande facilité que moi. Je tournai la tête vers l'arrière, repérant une petite ruelle plongée dans la pénombre, avant de faire signe à Tadi de s'envoler pour ne pas se faire remarquer. Il s'exécuta, et décolla du sol dans un battement d'ailes sourd. Sora, elle, se glissa juste sous le corps de Ace pour pouvoir équilibrer un peu plus le poids. Je serrai les dents, et continuai de déplacer Ace à l'aide de ses pokémons, vers une ruelle un peu plus loin, à l'écart. Fort heureusement, nous parvînmes dans la pénombre au moment ou un petit groupe de personne se rameutaient dans la rue.
      Ce qui est sûr, c'est que l'air de rien, il pèse son poids...
Je poussai un soupir agacé, ayant du mal à garder mes doigts juste sous la plaie de Ace, et de le porter en même temps. Je fus soulagée lorsque nous nous engageâmes dans la petite ruelle sombre, un peu plus loin. Je m'y avançais encore un peu, avant de m'arrêter en même temps que Akwakwak et Red. Lentement, le geste prudent, nous posâmes Ace au sol. Je m'y glissai par la même occasion, soutenant toujours sa tête, et surveillant toujours sa plaie. Mais je ne pourrais pas rester dans cette position indéfiniment. Je n'avais pas les moyens de soigner une plaie aussi importante. Le seul recours auquel je songeai immédiatement fut l'hôpital.
*tant pis, c'est mon seul recours*

      Le crépitement dans lequel baignait les environs s'amplifia, jusqu'à ce que j'entende un craquement sourd. Le bâtiment cédait sous ses fondations. En un instant, l'immeuble entier s'écroula sur lui-même, provoquant un fracas monstre qui me déchira les tympans. Une immense volute de poussières et de déchets s'éleva dans l'air, jusqu'à retomber quelques secondes plus tard. Je plissai légèrement les yeux, apercevant ça et là des badauds qui semblaient surpris par l'incendie qui avait eu lieu. Il y avait peu de personnes, qui semblaient s'intéresser à ce qui venait de se produire.
Je sortis rapidement de mes pensées, et maintint la tête d'Ace sur mes genoux, le temps de fouiller dans ma sacoche pour retrouver mon Holokit. Je l'empoignai, la main légèrement tremblante, avant de tenter en vain de l'allumer. Je fronçai les sourcils, avant de le secouer et de lui donner une tape contre mon avant-bras gauche.
*Raaah...*

Peine perdue, il ne voulait pas s'allumer. Énervée, je poussai un grognement avant de me résoudre à la seule solution qui m'était désormais présentée. Me débrouiller pour dénicher un lieu de soin... La tâche risque d'être ardue.

▬ Vous savez ou il serait possible de trouver un hôpital dans le coin ?, demandai-je en redressant la tête vers Red et Akwakwak.
      Le regard qu'ils me lancèrent me signifièrent deux choses ; que non seulement, ils ne semblaient pas le savoir, mais qu'en plus, y amener leur maître était une idée complètement stupide et irréfléchie. Il m'était facile de déchiffrer leurs pensées, à la vue de leur visage. Et c'était quelque chose qui me gavait sérieusement.
▬ Vous avez une autre solution, peut-être ? J'ai aucun moyen de le soigner par moi-même, et ça m'étonnerait que vous ayez envie de le voir se vider de son sang jusqu'à la mort. Alors arrêtez de me regarder comme si j'étais la pire crétine du monde.
Au vu de mon ton, ils se résignèrent rapidement. Red poussa un soupir agacé, extrêmement nerveux. Le fait de ne pouvoir aider Ace l'insupportait au plus au point. Je détournai le regard, pensive, avant de redonner une petite tape à Ace pour le faire revenir à lui. Pas question qu'il s'endorme ne serait ce qu'une seconde. Ça lui serait fatal. Une idée ultime se présenta enfin à moi. Je dirigeai mon regard vers Sora et Tadi, posés à proximité des pokémons de Ace, qui observaient la scène d'un air impuissant.
▬ Allez faire un vol de reconnaissance, si jamais vous apercevez un hôpital, un centre de soin ou quoi que ce soit d'autre, revenez ici.

      Après avoir entendu le battement d'aile de mes pokémons, je tirai mon haut, avant de le coincer entre mes dents et d'arracher un pan de mon débardeur. J'essuyai grossièrement le cou de Ace, ainsi que mon avant-bras maculé de sang, qui commençait lentement à coaguler. J'ôtai également de mon mieux le sang à ses côtés. Je ne pouvais rien faire d'autre pour le sauver, je n'avais pas les mains totalement libre, et j'étais obligée de garder constamment ma vigilance sur sa plaie à la gorge. Du coin de l'oeil, je croisai l'étrange regard de Red. Un mélange de divers sentiments, que je ne parvins pas à déchiffrer. Je reportai rapidement mon attention sur Ace, qui gardait désormais les yeux ouverts. Il fixait un point dans le vide, et gardai toujours son étrange sourire au visage. Je poussai un long soupir blasé, et levai les yeux au ciel. Je sentais mes doigts s'ankyloser petit à petit, à force de presser sous la plaie de Ace, mais elle ne semblait plus saigner. C'était un bon point, pour l'instant.
      Je maintenais toujours Ace en position demi-assise. Je laissai mon esprit vagabonder, pour oublier la douleur de mon épaule et de ma tête, et la protestation de mes muscles. Le silence régnait dans le coin, ponctué parfois de voix humaines, et de sinistres craquements qui provenaient du bâtiment incendié. Je ne cherchai pas à savoir si des gens étaient présents ou non pour arrêter l'incendie et sauver le peu de vie qui pouvaient, éventuellement, se trouver encore dans le bâtiment. J'étais imperméable aux bruits. Fatiguée, je reportai donc toute l'attention que je pouvais encore avoir sur Ace, sans vraiment comprendre pourquoi.
      Je fus soulagée lorsque j'entendis distinctement un "flambusard" s'élever dans l'air. Je levai la tête, et vis distinctement la silhouette de Sora, puis celle de Tadi percer l'obscurité, baigné par la lumière blafarde de la Lune. Mes deux amis se posèrent à proximité, avant de s'approcher en silence de nous.

▬ Alors ?, demandai-je simplement.
      Sora commença à déblatérer tout ce qu'elle avait vue. Bien évidemment, à part Red et Akwakwak qui comprirent le message, et Ace qui était beaucoup trop plongé dans les vapes pour y prêter attention, je ne compris strictement rien à ce que me disais Sora. Tadi leva les yeux au ciel, s'attirant le regard mauvais de Sora, que mon Roucarnage lui rendit sans aucune hésitation. Je poussai un soupir agacé pour qu'ils cessent leur chamaillerie.
▬ Bon. Vous avez trouvé ? C'est près, ou c'est loin ?
      Tadi griffa une fois le sol, soutenant sans relâche mon regard.
▬ Proche. Vous avez une estimation ?

      Sora poussa un petit cri agacé, signe qu'elle ne voulait pas perdre son temps à jouer aux devinettes, pour se faire comprendre. Elle battit vigoureusement des ailes et s'éleva jusqu'au dessus des bâtiments, avant de se placer en vol stationnaire et de baisser la tête vers nous. Elle voulait clairement que nous la suivions. Je baissai la tête vers Ace, perdue. Comment pouvais-je le porter tout en maintenant mes doigts sous sa plaie en guise de compresse ? C'était impossible, même en me contorsionnant dans tous les sens. Je songeai à l'aide de Red, qui pourrait le faire lui même, en se tenant sur le dos de Ace. Mais il m'était impossible de les porter en même temps. Red était trop lourd, et ça m'aurait étonné que Ace se sente capable de supporter le poids de son pokémon.
      J'inspirai profondément. Il me fallait trouver une solution rapide. Je remarquai alors Red s'avancer vers moi. Arrivée à ma hauteur, il leva lentement son os. Je crus d'abord qu'il allait me frapper, mais je fus surprise de le voir poser son arme sur ma main. Celle qui pressait la gorge de Ace, pour empêcher une nouvelle hémorragie. Je fronçai les sourcils en regardant le pokémon, qui m'adressa un regard impatient. Qu'est ce qu'il voulait donc ?  Que j'enlève ma main ? Le regard que je lui lançai ne dut pas lui plaire, au vu de son visage. Il dégagea de lui même ma main en la poussant vers le bas à l'aide de son os. Paniquée par son geste, maintenant que je ne compressai plus le plan osseux, je m'attendais à une giclée de sang.
      Au moment ou j'allais replacer ma main, j'ouvris de grand yeux en voyant l'état de la plaie de Ace. Le sang coagulait. Il ne saignait plus. Hébétée, j'en vins à chercher la cause même de ce miracle, jusqu'à ce que Akwakwak et Red me poussent énergiquement le bras. Ils voulaient que je me dépêche, et ce n'était pas difficile à deviner. Je sortis de ma léthargie, et secouai la tête avant de m'adosser, accroupie, contre le mur. Je tirai difficilement Ace vers moi, et après quelques manœuvres, réussis à le relever du mieux que je puisse, en maintenant toujours l'arrière de son crâne. Je passai le bras d'Ace autour de mon cou, gardant mon autre main valide à proximité de sa plaie, en cas d'urgence. Il fallait que je lui demande plus tard, par quel miracle son hémorragie avait pu se stopper.
      Mais l'heure n'en était pas là. Je levai les yeux vers Sora, que Tadi avait rejoint. Ils prirent leur envol et foncèrent droit devant moi. Suivie par les pokémons silencieux de Ace, je serrai les dents et commençai à avancer, soutenant du mieux que je puisse la tête de Ace. Ce dernier réussit à faire quelques pas, avant de s'affaisser à nouveau. Je réussis à le rattraper à temps, d'ailleurs, avant qu'il s'effondre au sol. Je gardai constamment les yeux rivés au ciel, concentrée sur le vol de mes pokémons. De peur de lâcher, moi aussi. Je sentais que je n'en étais pas loin, mais ce n'était vraiment pas le moment. Et ma notion des choses commençaient peu à peu à s'estomper. Mes gestes étaient mécaniques, avancer fagocitait désormais tous mes sens. Le peu d'attention qui me restait, je l'accordais à surveiller Ace. Fort heureusement que Red et Akwakwak gardait eux aussi un œil sur leur maître.
Je fus soulagée lorsque je vis Tadi et Sora se poser juste devant un bâtiment. Le plus "propre" que j'ai pus apercevoir dans le quartier pauvre, d'ailleurs.
      Arrivée devant, je fermai un temps les yeux. Du bout du pied, je poussai brusquement la porte du bâtiment. Je débouchai sur des locaux plutôt propres, mais j'avais déjà vu mieux. Je ne m'attardai pas sur les détails, attirée par le sursaut brusque d'une secrétaire, qui avait sursauté en entendant le boucan de mon entrée. Je levai les yeux vers elle, tandis ce qu'elle s'affolait en s'approchant de moi. Elle appela un de ses collègues, qui errait dans le couloir. Il disparut immédiatement, tandis ce que je regardais la secrétaire m'affubler de questions en tout genre. Je redressai légèrement Ace, avant de daigner répondre à la pipelette qui se dressait devant moi.

▬ Vous me poserez des questions plus tard. En attendant, j'aimerais que vous soigniez ce type. Je l'ai trouvé à quelques pas d'ici. Il est blessé aux côtes et à la carotide.
▬ Ce sera fait !, s'exclama la secrétaire. Vous connaissez l'identité de cet homme ?
      Par automatisme, je baissai les yeux vers Red. Inutile de chercher à déchiffrer son regard, je comprenais facilement ce qu'il voulait me dire.
▬ Non, désolée. Je lui ai seulement portée assistance, je ne l'ai jamais vu de ma vie, mentis-je.
      Red semblait satisfait de ma réponse. J'avais déjà remarqué le soin que prenait Ace à ne pas vouloir se faire remarquer. Il devait sans doute y avoir une raison.
▬ Je vois... Et est-ce que...

      Soudainement, la plaie de Ace se remit à saigner abondamment, sans que je ne comprenne pourquoi. J'ouvris de grand yeux, et juste au moment ou j'allais agir, je vis l'homme que j'avais aperçu dans le couloir se diriger d'un pas pressé vers Ace, suivi de son collègue, qui prirent alors Ace en charge. La secrétaire, qui était toujours présente, me rassura en me reculant légèrement. Néanmoins, pour se faire, elle posa sa main sur mon épaule touchée. Je réprimai une grimace de douleur, et lorsqu'elle vit du sang collé contre le tissu, elle n'eut plus de doute. La jeune femme fit un geste aux deux médecins, pour signaler mon cas.
Je ne détachai pas mon regard de Ace. Mais j'étais néanmoins rassurée de voir que Red et Akwakwak était près de lui. Il en était de même pour Sora et Tadi, qui fixait étrangement le médecin qui se tenait face à moi.
      Après cela, je ne me souvins plus vraiment de ce qui se déroulait. Tout ce que je sais, c'est qu'ils se sont occupés de Ace, et de moi. Sans plus de détails. Nous avons tout deux été placés dans la même chambre. Moi, sur un canapé après m'avoir soignée, puisque l'hôpital manquait cruellement de matériels – et sans doute de lit –  mais cela me convenait quand même. On m'avait également donné quelques médicaments. Je sommeillais désormais sur Sora et Tadi, qui eux, dormaient déjà. J'avais laissé une petite place de libre pour Red et Akwakwak, au cas où. Mais ils semblaient sur le qui-vive, malgré tout rassuré que leur maître soit guéri.
     Tant mieux, parce qu'à son réveil, j'aurais des questions à lui poser.
Mais pour le moment, j'étais beaucoup trop fatiguée pour y songer... Je me laissai bercer par la respiration calme de mes pokémons, gardant toujours mon regard rivé sur Ace. Finalement, je me laissais prendre par les bras de Morphée, et m'endormit enfin, sans plus me soucier de ma sécurité.
      Dans mon demi-sommeil, je crus apercevoir une étrange silhouette, noire, grande et encapuchonnée, qui s'éloignait lentement.
Mais ce ne dut être qu'un mirage. Ou un rêve.

Ace continuait de progresser dans ce monde de flammes. Tout autour de lui brûlait, crépitait, et sentait la chair carbonisée. Son capuchon était rabattu, et ses yeux rouges et noirs brûlaient d'intensité, reflétant tragiquement le spectacle flamboyant se dressant devant eux. Son visage était fermé et dur, comme rarement il ne l'avait été. 

Tout n'était que désolation autour de lui, mais impossible pour lui d'identifier l'endroit dans lequel il se trouvait. Il croyait entendre par moments des cris et des pleurs, mais il ne pouvait distinguer aucune silhouette aux alentours. Alors que la fumée brouillait légèrement sa vue, et que les flammes qu'il ignorait venaient lui lécher les jambes, Ace crut apercevoir un bâtiment en ruine, perdu dans ce désert de chaos. Il s'y dirigea, le visage toujours aussi concentré et tendu, un certain désespoir rageant dans le regard. L'entrée était barrée par des flammes, mais il pouvait maintenant clairement entendre des cris provenant de l'intérieur du bâtiment. Il y pénétra alors en traversant les flammes comme si de rien n'était, et se dirigea vers l'origine de ces cris. 

Une femme était à genou, tenant contre son torse un nourrisson. Elle pleurait d'agonie, semblant se faire déchirer de l'intérieur. Son nourrisson était mort, couvert de sang, le corps dur. Ace l'observa un instant, le visage grave. Puis la femme se mit à marmonner:

- Ace... Mon petit...

Soudain, le décor s'effondra, et se mit à fondre littéralement, pour laisser place à une forêt sombre et sinistre, au sein de laquelle régnait un silence dérangeant, que seuls les doux mais sombres accords d'un piano venaient briser. Ace avançait, le visage toujours plus troublé et meurtri, quelques larmes commençant à venir s'échouer sur les coins de ses lèvres, en silence. Le regard empli de colère, de haine, et de regrets, il aperçut un petit cabanon d'où semblaient provenir les notes de piano, désormais accompagnées d'un petit orchestre. Il ouvrit la porte de sa main gauche à laquelle un doigt manquait toujours, et découvrit deux corps pendus, et brûlés. Une femme et un homme. L'homme releva la tête dans un craquement sinistre, et s'adressa à lui.

- Je suis désolé, nous n'avions pas le choix...

Ace le regarda avec la même expression, sans esquisser le moindre mouvement, puis tourna la tête vers la femme qui ajouta:

- Tues-les tous... Tous... Venges-nous...

Ace baissa la tête et ferma les yeux de souffrance. Avant de leur tourner le dos, et de s'en aller dans la nuit noire, poursuivi par cet orchestre invisible et sinistre qui semblait avoir des choses à lui dire. Il s'arrêta et tourna la tête pour regarder en arrière une dernière fois. Ses yeux étaient indescriptibles, tant les émotions qu'ils exprimaient semblaient intenses, et cruelles.

Ace était désormais dans une chambre d'hôpital très sombre, et très sobre. Seul un lit était visible, seul un lit où gisait son propre corps. Le reste étant plongé dans la pénombre, Ace s'approcha sans aucun regard aux alentours, et se pencha au-dessus de son corps. Il semblait être maintenu en vie par des machines, et n'y tenir qu'à un fil. Il approcha sa main de son propre visage qui semblait être celui de quelqu'un d'autre, mais des sanglots retentirent soudainement derrière lui. Il retira alors sa main et se tourna, scrutant la pénombre pour tenter d'apercevoir quelque chose. Il crut alors croiser un regard qui en temps normal lui ferait froid dans le dos, même à lui. Mais il n'en était pas sûr. C'est alors qu'une lumière rouge tamisée se mit à éclairer progressivement un coin de la pièce, comme un coucher de soleil qui se levait, porteur de mauvais présages et annonciateur de malheurs. 

Cette lumière qui semblait étrangement naturelle dévoila une silhouette qu'Ace connaissait bien. Assise sur la seule chaise présente, la tête dans la main, comme dans une posture de désespoir et de tristesse, se trouvait la mort, son amie, sa partenaire. La mort leva alors la tête pour découvrir une expression qu'elle n'avait jamais vue sur le visage d'Ace, la tristesse. Mêlée à de la rage, et de la colère, elle signifiait qu'il savait ce qu'elle allait lui annoncer.

- Je ne peux plus te suivre... Je vais te faire du mal... Et tu vas devoir faire un choix... Lui annonça la mort.

Ace ne broncha pas, alors que quelques larmes continuaient de s'écouler lentement sur ses joues. Il ferma les yeux, et les rouvrit pour découvrir qu'il se trouvait sur un lit d'hôpital, blessé, respirant avec difficulté. Il continuait de ressentir ce qu'il avait ressenti tout au long de son rêve. Il ressentait sans pouvoir se l'expliquer, cette soif de vengeance. De vengeance sur l'inconnu, sur tout le monde, sur lui-même, sur la terre entière...

               La lumière qui perçait la fenêtre de la chambre me tira de mon lourd sommeil. J'ouvris un oeil, puis le second, avant de passer ma main sur mon visage. Il me fallut un temps pour émerger complètement, et pendant ce laps de temps, je gardais mon regard rivé à la seule fenêtre de la chambre. Le paysage sur lequel donnait la chambre était morne, pittoresque. De lourds nuages recouvraient le ciel, éclipsant complètement le soleil, qui peinait à éclairer l'horizon.
                Face à ce paysage, mes craintes primaires refirent surface. Pacou et sa bande de Légendaires à demi-fous n'allaient sans doute pas tarder. Je poussai un léger soupir, quelque peu perdue par ce qui se passait autour de moi. Ce dont j'étais certaine, c'était que ma perception personnelle des choses risquaient de basculer à tout moment après ça.
A mes côtés, je sentis les respirations lentes de Sora et Tadi. Je me redressai lentement, m'étirant lentement jusqu'à sentir une légère douleur à mon épaule. Elle me faisait beaucoup moins mal que hier, néanmoins chaque tiraillement que je sentais lorsque je faisais un infime mouvement n'était pas négligeable.
                 Je me redressai lentement, réveillant également Sora et Tadi, qui ouvrirent un oeil grognon. Je me mis en position assise sur le canapé, avant de poser mon regard sur Red et Akwakwak, qui se tenaient toujours au pied du lit. Tout deux semblaient sommeiller désormais. Je levai lentement les yeux, en remarquant que Ace s'était enfin réveillé. Il ne semblait pas m'avoir remarqué, toujours allongé dans son lit, le regard perdu dans le vague. Je détournai mon regard vers les nouvelles armes que j'avais acquéris. Elles étaient en bon état, et semblaient même plus propre que hier. C'est à ce moment là que je songeai à nouveau à mon sabre, qui n'était ni sur moi, ni posé aux environs. Mon expression passa de l'indifférence à la surprise.
                 Quelle idiote... Je l'ai laissé dans la chambre de Ace. Voir même dans le couloir pendant l'affrontement. La mâchoire contractée, je préférais reporter mon attention en direction de Ace, qui semblait désormais plus lucide qu'avant. Néanmoins, je songeai toujours avec regret à ce sabre. Le seul souvenir de mes parents...
Un léger mouvement contre mon bras me tira de mes songes. C'était mes pokémons, qui commençaient à se redresser lentement. J'ignorai le regard de Tadi, et tournai la tête vers Ace, l'air de rien, avant de lui adresser un sourire.

▬ Tu te sens mieux ?,  m'enquis-je en me redressant, afin de me dégourdir les jambes. On est dans un hôpital, à deux pas de l'endroit ou nous nous trouvions hier soir, rajoutai-je en voyant l'air quelque peu perdu de Ace.

               Il ne me répondit pas sur le moment. Pensive, je me dirigeai là ou se tenait Red et Akwakwak, qui commençaient doucement à émerger. Mes pokémons, quant à eux, sautèrent du canapé et étirèrent leurs grandes ailes en usant du peu de place dont ils disposaient pour cela. Je m'arrêtai devant le lit de Ace, avant de m'adosser au mur. J'arrêtai mon regard une dernière fois sur la fenêtre de la chambre, avant de rediriger mon attention vers Ace. J'avais quelques questions à lui poser, mais une, plus importante à mes yeux que les autres, me brûlaient les lèvres.

▬ Dis moi..., commençai-je doucement, une pointe d'impatience dans la voix.
                       Je poussai un léger soupir, hésitante, avant de poursuivre ma phrase.
▬ Je me suis réveillée quelque fois cette nuit... Et j'ai remarqué que tu étais plutôt agité dans ton sommeil. J'ai voulu te réveiller en te voyant dans cet état,  mais je n'ai pas osé... Tes pokémons non plus n'ont pas osé te réveiller. Mais tu semblais... triste. Voir pire que ça.

             Je finis par m'arrêter là, perplexe. Mais l'air que je devais arborer en signifiait sans doute long sur ce que je pensais vraiment. Je n'étais peut-être pas assez explicite, mais j'étais certaine que Ace avait comprit ce que je voulais dire. Je ne savais pas moi même pourquoi je m'inquiétais pour lui. C'était peut-être une réaction humaine, normale. Mais bizarrement, quelque chose me forçait à agir ainsi.
Je fis l'impasse sur ces pensées, gardant mon regard fixé en direction de Ace, qui ne bronchait pas depuis son réveil.

Ace regardait dans le vide, figé, sur son lit d'hôpital, tandis qu'Hétalia lui parlait. Il avait entendu ce qu'elle lui avait dit bien sûr, mais il était concentré sur autre chose, sur une sensation. Il se sentait complètement maitre de lui-même. C'était comme s'il venait de sortir d'un épais brouillard dans lequel il aurait erré trop longtemps. Ce rêve semblait vraiment avoir changé des choses. Ace se sentait plus lucide, plus calme, plus...rancunier. Il ne savait pas ce que pouvait signifier ce rêve. Une seule chose était sûre, c'est que son envie de vengeance et son besoin de tuer bouillonnaient en lui. Il ne savait pas très bien contre qui, ou contre quoi, mais c'était là, plus présent que jamais.

- J'ai vu des choses Hétalia. Je crois que je sais quelle est ma mission désormais. Répondit-il enfin, le regard toujours immobile.

Ace se redressa alors en position assise, le torse presque entièrement recouvert de bandages, et la gorge maintenue par une espèce d'attelle. Plusieurs câbles d'intraveineuse reliaient son corps à différentes machines, mais il les arracha presque machinalement, sous le regard accusateur d'Hétalia qui n'estimait probablement pas que ce soit une bonne idée. Il observa quelques secondes ses pokémons qui le regardaient l'air inquiet. Même Ectoplasma semblait se poser des questions, avait-il vraiment intégré l'équipe ? En était-il déjà un membre à part entière ?

- Comment vas-tu ? Demanda-t-il à Hétalia tout en se levant lentement, et en attrapant ses habits. 

La fourrure de Caninos qui lui servait de par-dessus était partiellement brûlée, et tachée de sang, tandis que le reste était un peu déchiré.

- Ça va. Répondit-elle simplement, l'air visiblement préoccupé, pensif.

- Ok. On y va alors. Je tiens pas à rester là plus longtemps.

- T'es sûr de pouvoir tenir le coup ? T'es pas passé loin quand même.

- T'inquiètes je me sens en forme.

Les deux compagnons firent signe à leurs pokémons de les suivre, et puis après un dernier coup d'oeil autour de la pièce, et après avoir rassemblé leurs dernières affaires, ils sortirent de la chambre que la seule lumière qui filtrait à travers les épais nuages ne suffisait pas à rendre agréable.

Maintenant, ils allaient devoir sortir de l'hôpital discrètement, sans tomber sur qui que ce soit. Ace n'était pas d'humeur, et il n'avait pas du tout envie qu'on le questionne...

      Le couloir dans lequel nous progressions était plongé dans la pénombre et le silence. Les très faibles rayons du soleil peinaient à éclairer le long corridor, qui m'offrait un étrange sentiment d'étouffement, au fur et à mesure que j'avançais. Le lieu était trop étroit pour laisser mes deux rapaces voler. Ils marchaient donc au même rythme que Red, qui était en tête de la file. Attentif au moindre bruit, la surveillance vigilante de l'Ossatueur n'avait pas manqué de renforcer ma garde.
Le pokémon semblait d'ailleurs savoir ou aller.
      J'avais rabattu mon capuchon sur la tête, un geste qui commençait réellement à devenir une manie. Seul le crissement des serres de mes pokémons contre le sol rompait le silence oppressant de l'hôpital, qui me semblait désert. Ace, quant à lui, semblait perdu dans ses pensées, chose qui m'intrigua. Le regard attentif, je repensais néanmoins à ce qu'il m'avait dit juste avant. Sa mission... je ne voyais pas ce qu'il voulait dire par-là. Mais au vu de son air, il était sans doute mieux de ne pas lui demander plus de détails.
      Je gardai mon regard rivé sur Red, qui bifurqua soudain vers la gauche. Je distinguais, du côté opposé, quelques bruits sourds qui indiquaient une certaine agitation humaine. A voir les pokémons de Ace, c'était quelque chose qui les dérangeaient. Ils voulaient plus que tout sortir d'ici sans attirer l'attention. Je poussai un léger soupir, tandis ce que Sora et Tadi dardaient des coups d’œils prudents.
       Alors que nous continuions à progresser le long du couloir morne, un hurlement inhumain et glacial s'éleva soudain. Je me retournai en un instant, avant de voir avec horreur Ace dans une de ses crises dont il m'avait parlé. Il venait de s’asséner à lui-même un coup de poing d'une violence telle que j'eus l'horrible impression que sa mâchoire s'était disloquée sous le choc. Au même moment ou je le vis sortir sa machette et tourner la lame en sa direction, je bondis en direction de Ace dans un geste mécanique, en même temps que Akwakwak et Red. Ce dernier abattit avec force son os dans l'avant-bras de Ace. Akwakwak avait bondi en direction de la tête de son maître, qui asséna immédiatement un violent coup de coude à son pokémon, hurlant toujours comme un dément. J'étais bloquée devant Ace, ne sachant que faire en le voyant gesticuler dans tous les sens. Impressionnée par l'exemple même des crises dont il pouvait être victime. Il n'était plus lui-même. Comme possédé par n'importe quel démon abrité dans son âme.

       Mon immobilité n'était pas une bonne chose. Je m'en rendis compte lorsque Ace tenta de s'attaquer à moi. Furtif comme une ombre, il bondit sur moi, le regard fou, la lame de sa machette braquée en ma direction. Guidée par l'adrénaline, j'esquivai son attaque en me glissant sur le côté, avant d'attraper le manche de son arme et de bloquer son bras de mon autre main. Ace me lança un regard empli de folie, avant de préparer sa contre-attaque. Il était beaucoup plus fort que moi, et il n'eut aucun mal à se dégager de mon emprise.
       Au même moment, j'aperçus la silhouette d'Akwakwak se ressaisir et bondir en direction de Ace. Le pokémon réussit enfin à atteindre la tête de son maître, et lui insuffla une onde glaciale sur la tête. Je reculai légèrement, sous le coup de la surprise, avant de voir Ace s'écrouler brusquement au sol, sans me laisser le temps de réagir. Je m'accroupis face à lui, anxieuse, avant de lui prendre sa machette au cas où il comptait se mutiler de lui-même. Akwakwak et Red restèrent plantés près de leur maître, à la fois attentif et anxieux. Un peu plus loin, mes pokémons semblaient faire le guet. Sora poussa un petit cri rauque lorsqu'elle entendit des bruits de pas sourds se rapprocher. Alerte, je secouai l'épaule de Ace, en vain. Il avait perdu momentanément connaissance. Le regard pressé de Red et Akwakwak me convainc rapidement de soulever Ace. J'y parvins difficilement, encore affaiblie par le combat de hier soir. Mon épaule endolorie protestait à mes mouvements, qui m'arrachèrent une légère grimace de douleur.
        Je tournai légèrement la tête, avant d'apercevoir une ombre se profiler derrière nous. Les pas se rapprochaient trop rapidement à mon goût. Je traînai difficilement Ace vers la fin du couloir, avant de m'arrêter plusieurs mètres plus loin après avoir à nouveau changé de direction. Je poussai un long soupir, avant de glisser prudemment Ace contre le mur. Les yeux mi-clos, il semblait encore sonné par le contrecoup de sa crise. Je frottai mécaniquement mon bras, le regard fixé face à moi, appréhendant les pas humains qui demeuraient sourds, mais qui ne s'étaient pas estompés pour autant. Tous les pokémons présents étaient sur le qui-vive. Plongée dans ma surveillance accrue, je gardai toujours l'arme d'Ace dans la main, par soucis de prudence.
         Je poussai un soupir de soulagement lorsque je n'entendis plus aucun bruit se répercuter dans les environs. A mes côtés, je remarquai le léger sursaut de Ace, qui semblait revenir à lui, surveillé par ses deux compères. J'imitai Sora et Tadi, et détournai mon regard vers la seule fenêtre présente dans les environs, l'esprit absent. Je retournai mon attention vers Ace lorsque je le vis bouger, sa main posée sur son visage. Je ne bougeai pas pendant un cours instant, attentive à sa prochaine réaction, tout comme ses pokémons.

Ace avait mal au crâne. Sa vision était encore un peu trouble, et sa mâchoire lui faisait un peu mal, mais rien de bien sérieux, ou plutôt rien d'insupportable. Il regarda autour de lui tout en essayant de reprendre ses esprits, et constata que tous ses pokémons, ceux d'Hétalia, et cette dernière l'observaient avec anxiété, comme s'ils s'attendaient à ce qu'il les attaque. Il avait probablement de nouveau cédé. Cédé à cette folie qui l'habitait, à ce démon qui le rongeait. 

- Allons-y. Déclara-t-il simplement, comme pour dissiper le malaise.

Ace tourna le dos à l'assemblée, tout en tâtant sa mâchoire de sa main droite. Elle semblait disloquée. Il posa ses doigts à des endroits bien précis, et d'un coup sûr et fort, il la remit en place dans un claquement sourd, sous le regard dégouté et inquisiteur du Roucarnage d'Hétalia. 

Bien que toujours en état d'alerte, Hétalia semblait se détendre. Ace semblait s'être calmé, et la crise passée. Mais se relâcher n'était pas une option, d'autant que le danger pouvait venir de partout. Ace semblait vouloir sortir de là au plus tôt, et semblait toujours aussi troublé et déterminé qu'avant sa crise. Le regard sombre et concentré, il fît signe à ses pokémons de reprendre la formation habituelle, tandis qu'il s'approchait d'Hétalia.

- J'aimerais récupérer ma machette, si tu n'y vois pas d'inconvénients. Lança-t-il.

- D'accord. Répondit-elle simplement.

- Merci. Dit Ace tout en replaçant la machette à sa ceinture. Désolé pour ça, mais j'y peux rien, et tu dois t'y habituer.

- Je sais...

Ace reprit alors la tête de la troupe, juste derrière Red. Le bâtiment était mal éclairé et sentait la mort. Soudain, des cris retentirent non loin. "Rattrapez-les ! Ne les laissez pas s'échapper !"
Ace se tourna immédiatement vers Hétalia et lui demanda:

- T'es en état ou pas ? Honnêtement.

- Ça devrait aller. Répondit-elle en détournant le regard.

Ace l'observa quelques secondes alors que les cris continuaient de résonner dans l'enceinte lugubre de cet hôpital qui semblait plus stocker des mourants qu'autre chose. Il n'était pas convaincu, elle avait l'air éreintée, et il n'était pas lui-même au meilleur de sa forme. 

- On va essayer d'éviter de se battre. Déclara-t-il froidement, comme déçu. On va devoir se grouiller par contre. Si on traine, on pourra plus l'éviter. Allez.

Ace se lança alors et se mit à courir, immédiatement imité par tous les autres. Red, qui menait la troupe, semblait savoir où aller, mais Ace n'en avait aucune idée, il se contentait de le suivre. Ils passèrent ainsi un couloir désert, deux, trois. Mais au quatrième, ils croisèrent ce qui semblait être un médecin. Et pourtant, cet homme dont l'objectif était censé être de guérir et soigner les gens pointa un instrument de mort dans leur direction, alors qu'ils lui fonçaient droit dessus. En une fraction de seconde, Red se tourna vers Ace pour savoir quoi faire. Ace lui indiqua du regard qu'il ne fallait en aucun cas s'arrêter, et se contenter d'esquiver du mieux possible. Red le contourna alors, tandis qu'Ace arrivait à hauteur du médecin qui était sur le point de tirer. La détonation de son arme retentit dans les profondeurs de l'hôpital. Ace avait esquivé, s'étant assuré juste avant que personne ne se trouvait dans le champ de tir. Il attrapa alors le bras de l'homme, abasourdi par ce mouvement incroyable, le tendit, et enfonça son genou dans celui-ci au niveau du coude, broyant ainsi l'articulation alors qu'Hétalia les dépassait à ce moment-là. Ace attrapa le crâne de l'homme d'une seule main tandis que celui-ci gémissait de douleur. Il pressa alors son crâne, n'affichant aucune expression, d'habitude, il aurait pris plaisir à ce genre de choses, mais maintenant, une certaine froideur semblait l'habiter. Le crâne pliait sous la pression, et les craquements résonnaient effroyablement dans ce couloir désormais plongé dans un sinistre silence. Ace en termina rapidement avec le médecin, et se contenta de lancer son corps désormais sans vie contre un mur, avant de reprendre sa course et de rejoindre les autres qui avaient continué comme convenu.

Ace les rattrapa rapidement et repris sa place dans la formation alors qu'Hétalia l'informait qu'ils étaient quasiment sortis. En effet, ils débouchèrent quelques secondes plus tard dans un hall qui signifierait surement leur fin. Alors que tout le monde s'arrêtait, essoufflé, pour contempler avec impuissance le spectacle, plus d'une dizaine d'hommes, vêtus de tuniques blanches, les attendaient, le sourire aux lèvres.

De toute évidence, personne ne souhaitait les voir sortir d'ici, et la nouvelle de leur arrivée à l'hôpital avait vite du faire le tour du quartier. Ace tourna lentement le regard vers Hétalia, qui l'observa à son tour, l'air désemparé.

     Je serrai les dents et baissai légèrement la tête pour cacher mon appréhension face à ces hommes qui se tenaient face à nous. Je ne voyais absolument pas pourquoi ils voulaient à ce point nous bloquer la sortie. Les gens de ce quartier sont décidément dérangés...
     D'un regard rapide, je distinguai des armes à leur ceinture, qui confirmèrent mes dires. Malheureusement, je devinais rapidement que nous n'aurions pas le choix sur ce coup. Il fallait passer dans le tas. Dans le cas contraire, bien qu'on parvienne à s'enfuir, ils nous rattraperaient sans aucun problème.
      Sans même attendre l'accord de Ace, j'attrapai par réflexe une de mes armes avant de pointer le canon face à moi, et d'appuyer sur la détente.
       Le seul son qui se répercuta dans le hall plongé dans une pénombre qui commençait à s'atténuer lentement, fut le claquement sourd de mon pistolet. J'ouvris de grands yeux, avant de comprendre avec horreur que j'avais gaspillé toutes mes cartouches. Il me restait néanmoins deux pistolets, dont une arme blanche, mais je n'eus pas le réflexe immédiat de m'en emparer pour remplacer ce pistolet désormais inutile. Je redressai la tête, voyant trois hommes s'élancer en ma direction, satisfait de me voir aussi désemparée.

▬ Dépêchez vous de l'attraper avant qu'elle nous pose autant de problèmes que l'autre fou, marmonna d'une voix calme mais glaciale un des hommes qui s'approchaient de moi.

       Ace s'était élancé un peu en avant, suivi de ses fidèles pokémons, sans doute pour contrer le reste des hommes qui tentaient de s'approcher de lui. Je reportai mon attention face à moi, avant de voir un des hommes s'élancer brusquement vers moi et m'attraper le poignet. Je tentai de me dégager violemment, surprise pas son geste.

▬ J'espère que tu m'excuseras. Mais tu vois, il vaut mieux te maîtriser rapidement avant que tu réagisses de la même façon que l'autre dingue... Voir même que tu nous ouvres un portail à notre insu.

       Je fronçai les sourcils, surprise par ce qu'il venait de me dire. Mentionné ainsi, il devait sans doute parler de Ace... Mais les paroles de cet homme s'imprégnèrent, l'air de rien, dans mon esprit. Comment pouvait-il connaître Ace ? Plus important encore, de quoi parlait-il ? Il délirait, ou quoi ? Un dingue de plus ou de moins, pour ceux que j'ai croisé ces derniers jours...
       Perdue, j'allais répliquer que je ne comprenais rien à ce qu'il me disait, lorsqu'il me tourna violemment pour que je me retrouve dos à lui, avant d'attraper mes poignets d'une main et de bloquer ma nuque de l'autre. Sa poigne de fer m'arracha une grimace de douleur, qui me paralysa tout de suite sur place. Je bouillonnai intérieurement, furieuse de me laisser avoir de la sorte. J'avais beau avoir le dos tourné, je pouvais sentir la satisfaction de mon "geôlier", qu'il n'allait pas afficher plus longtemps que ça. Dans un réflexe immédiat, je me baissai avant de me décaler brusquement sur le côté, geste qui surprit le "médecin" qui me maintenait prisonnière. Mais il n'eut pas le temps de réagir, lorsque les serres puissantes de Tadi s'abattirent sur lui. Dans sa course, mon rapace entraîna le médecin avec une hargne que je ne lui connaissais pas contre le mur.
       Suite au choc, il semblait sonné et glissa lentement au sol, laissant derrière lui un mince filet de sang s'écouler lentement contre le mur. Je passai ma main dans ma nuque, avant de gratifier mon Roucarnage d'un regard plus que reconnaissant. Il se posa au sol, au côté de Sora, avant d'essuyer grossièrement contre le sol ses pattes légèrement colorées d'une teinte vermeille. Je reportai mon attention sur mon agresseur, toujours inconscient au sol, une moue quelque peu déçue sur le visage.
       Moi qui aurait voulu interroger ce type, qui semblait savoir quelque chose sur Ace et qui m'avait étrangement jugé, c'était foutu...
Néanmoins, nous n'avions sans doute pas le temps de traîner autant. Je me tournai immédiatement, alerte, avant de recharger rapidement mon pistolet, qui émit un claquement sec. Je le gardai en main, prêt à l'emploi, avant de jeter un coup d'oeil vers Ace, qui malheureusement s'était résout à tuer plutôt qu'à esquiver pour parer les assauts qui lui étaient lancés. Ses deux acolytes étaient occupés contre deux autres hommes. Je me doutais qu'Ace ne devait pas aimer qu'on intervienne dans les combats qu'il engageait contre sa volonté, mais il s'était grièvement blessé hier soir. Je pointai mon arme en direction de son adversaire, avant d'appuyer sur la détente.
        Il ne fallut que quelques secondes pour que l'adversaire de Ace s'écroule au sol. Sans m'attarder sur les détails, d'un geste de la main, j'indiquai la sortie à Ace. Elle était désormais dégagée, et il fallait accélérer le pas pour éviter de se faire arrêter par les quelques survivants qui restaient, et sans doute par leurs renforts qui ne risqueraient pas de tarder, suite aux bruits causés...

       Par un coup d'aile efficace et contrôlé, Sora et Tadi réussirent à faire reculer un autre "médecin" qui tentait de s'approcher de moi. Lorsque l'homme arriva au niveau de Red et Akwakwak, les deux pokémons s'en chargèrent instantanément. Je reculai jusqu'à la porte, avant de tourner la tête vers Ace.

▬ Il faut vraiment qu'on s'en aille maintenant... tu viens ?

     Mon regard se reposa instantanément sur le carnage qui s'étalait devant nos yeux. Un contraste total avec la lumière douce du jour, qui perçait enfin les vitres du rez-de-chaussée, et commençait à éclairer doucement la pièce. Un soupir excédé s'échappa de mes lèvres. Je ne me sentais pas bien ici. Et je voulais quitter rapidement cet endroit, remplis de fous, tout comme cette partie d'Irratam.
      Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce lieu m'aura convaincu de ne pas côtoyer d'Êtres Humains pendant un bon moment.

Ace venait de quitter la pièce marquée par un sanglant carnage, accompagné d'Hétalia et de leurs pokémons respectifs. Le temps était couvert alors que la journée semblait encore à son stade le moins avancé. Aussi étrange que cela puisse paraitre, personne ne semblait avoir été alarmé par le bruit qu'avait du laisser échapper l'hôpital durant ces affrontements, mais une panique évidente régnait, même dans le quartier pauvre. Des bruits assourdissants se faisaient entendre au loin. Ace tourna rapidement la tête vers Hétalia, lui adressant un regard interrogateur. Il pensait savoir ce qui était à l'origine du vacarme, mais n'en était pas sûr. Pacou. La curiosité le gagna instantanément, et l'envie d'aller voir ça de plus près s'empara de lui, lui faisant presque oublier que certains des hommes en blanc étaient encore en vie, et prêts à ne pas lâcher prise. Mais Hétalia l'arrêta au moment où il allait se diriger vers l'origine probable du chaos qui semblait régner près d'Irratam. 

- Attends d'abord qu'on se débarrasse de ceux qui restent. Ça nous posera plus problème qu'autre chose si on ne s'en occupe pas.

Ace approuva, mais sembla agacé. Il avait plus qu'envie de pouvoir se défouler réellement, et de poser quelques questions à Pacou. Sans parler du fait qu'assister, et prendre part à une vraie guerre l'enchantait. La cruauté n'y était pas une option, et c'était son domaine. Ace se tourna vers l'entrée du bâtiment, près à en finir rapidement, l'oeil plus mauvais que jamais, entouré par ses trois pokémons aussi hargneux que lui. Hétalia semblait également prête à terminer ce qu'ils avaient commencé. Personne ne leur prêtait attention, les habitants, les mendiants, les passants, les voyageurs, tous semblaient fuir, s'organisant à la hâte en rassemblant quelques affaires, courant et criant dans tous les sens. Aucun assistance de quelque sorte que ce soit n'était visible, aucun soldat. Les habitants du quartier pauvre étaient livrés à eux-mêmes et abandonnés comme d'habitude. Ça sentait la guerre, le début d'une nouvelle ère. Car une telle guerre ne reste pas sans conséquence autre que le sol souillé par le sang. C'est le genre de guerre qui change la face d'un monde. 

Après quelques secondes d'intense calme, deux hommes vêtus de cette tunique blanche qui commençait à dire quelque chose à Ace sortirent à leur tour du bâtiment. L'air visiblement extenué et énervé, l'un des hommes lança:

- Cette fois on sera moins tendres, ces histoires de famille merdiques commencent à m'emmerder ! 

Hétalia sembla de nouveau confuse suite à cette déclaration, mais n'en dit mot. Quant à Ace, seule la rage le guidait. 

- Et ta mère elle est tendre ? Répondit-il avec un sourire provocateur, ponctué de spasmes quasiment grossiers, à la manière d'un loup devant sa proie. 

Avant même d'attendre sa réponse, Ace sortit son couteau, et le lança directement dans l'oeil de l'homme à la langue bien pendue, ce qui lui arracha un hurlement de douleur. Hétalia avait quant à elle dégainée son arme, et tiré dans le genoux de l'autre, dont le cri était étrangement similaire à celui de son compagnon. Ace se précipita vers le désormais borgne, et empoigna la lame de son couteau toujours planté dans l'oeil de sa victime.

- Maintenant l'ami, je peux te faire connaitre une douleur dont t'as pas idée. Et il est fort possible que je te la présente, mais si tu parles un peu, peut-être, je dis bien peut-être, que je me contenterais de te laisser comme ça. 

L'homme qui sanglotait à présent, laissa échapper un "d'accord", ponctué de petits cris de douleurs assez pitoyables.

- T'es qui ? Vous sortez d'où avec vos guignols de potes ? Et vous voulez quoi ? C'est plutôt simple pas vrai ? Dit-il en tournant lentement la lame dans le globe oculaire désormais charcuté de l'homme en blanc. 

L'homme hurla à la mort, probablement convaincu par cet avertissement qu'il avait plutôt intérêt à parler, tandis qu'Hétalia se tenait devant l'autre homme, allongé au sol, les deux mains tenant sa rotule broyée suite à l'impact de balle. Elle le tenait immobile, son canon pointé vers son autre genou, mais son attention se portait vers l'interrogatoire se déroulant juste à côté. Elle semblait brûler d'envie d'entendre les réponses à ces questions. 

Alors que le vacarme de la guerre continuait de faire rage au loin, et qu'Ace semblait plus qu'instable, partagé entre l'excitation de la guerre qui l'attendait, et la curiosité concernant ces deux hommes, le borgne répondit, entre deux déglutitions:

- On fait partie de l'Ordre. On a pour mission de vous ramener toi et ta soeur. L'Ordre n'en a pas fini avec votre famille.

Ace échangea alors un regard étrange avec Hétalia, mêlant de l'incompréhension, de la surprise, du doute, de la méfiance, de la confusion, et une pointe de soulagement. 

La guerre faisait rage, les temps allaient changer, pour le meilleur ou pour le pire, des familles étaient détruites ou allaient l'être, des liens rompus, et d'autres créés.

       "On fait partie de l'Ordre. On a pour mission de vous ramener toi et ta sœur. L'Ordre n'en a pas fini avec votre famille."
Ces paroles tournaient en boucle dans ma tête. Et cette sensation me demeurait insupportable, cette étrange impression d'arrachement. Puis ce vide absolu, qui imprégnait sournoisement mon esprit, mes pensées, puis mon corps entier. Le seul mouvement que je pus faire, fûs de tourner la tête en direction de Ace. Son mystérieux regard trahissait son trouble suite aux paroles de sa proie. Nous échangeâmes alors un regard, qui en disait bien plus long que des mots sur notre état intérieur.
      Surprise, incompréhension, méfiance, choc. Méfiance. Peut-être de la peur ?
Je ne parvins pas à fixer Ace plus longtemps. Je reportai mon attention sur l'homme que j'avais immobilisé au sol. Il avait l'air ravi de voir mon air perdu. Malgré sa douleur au genou, un sourire vicieux se dessina alors sur ses lèvres.

▬ Tu n'avais pas l'air d'être au courant, gamine. Tes sombres connards de parents ont du te le cacher, pour éviter que tu ai des ennuis. Dommage qu'ils aient raté leur coup. Maintenant qu'on sait exactement à qui on a affaire, vous ne nous échapperez plus aussi facilement. Tôt ou tard, on vous tuera, comme tout ceux de votre espèce le méritent. 

    Il allait continuer sur la lancée, chose qu’apparemment je ne pouvais pas supporter. Le canon de mon pistolet se braqua alors en direction de ses deux yeux. Il perdit immédiatement son sourire, et se braqua à nouveau. Ma main droite tremblait légèrement, mais je n'y prêtai pas attention. Je ne prêtais plus attention à mes pokémons, ni aux badauds qui nous bousculaient légèrement, sans même nous apercevoir. Une bulle s'était crée, nous isolant totalement du monde extérieur, du brouhaha alentours, ainsi que des explosions, des hurlements, qui malgré la distance, nous parvenaient jusque ici.
   Non, c'était sans doute du n'importe quoi. Je ne pouvais pas avoir de frère, et de toute façon, ç'aurait été idiot de me cacher ça. Mais pourquoi alors ? C'était n'importe quoi, et ça m'exaspérait à un point inimaginable.
    Je me baissai cependant vers le pseudo-médecin, qui maintenait toujours son genou en grimaçant de douleur.

▬ Et alors ? Continue, je sens que tu as encore quelque chose à dire.

    Je ne parlais plus, je murmurais, rageusement. Cependant, je n'obtins aucune réponse. Et après ça, je n'avais plus la patience nécessaire pour obtenir ce que je demandais. Je serrai les dents, avant de me redresser et de tirer sans aucun ménagement en direction de ce fameux membre de l'Ordre. Je ne vis pas à quel endroit je l'avais touché, mais en entendant son gémissement, j'étais convaincue qu'il était soit mort, ou qu'il n'allait pas tarder à l'être. Je poussai un soupir, avant de fermer les yeux un court instant. Une personne me bouscula alors, mais je n'y fis pas attention.
     Je remarquai alors la présence de mes deux pokémons, à mes côtés. Sora ne cessait de faire la navette entre moi et Ace, une lueur de consternation brillant dans ses yeux. Je dirigeai machinalement ma main libre dans mon sac, avant de saisir une Poké Ball et d'y rappeler Sora. Je me dirigeai vers Ace, avant de m'arrêter devant le type dont il s'occupait depuis avant.

     Ce dernier posa sur nous un regard à la fois perdu et apeuré. Sa détermination à vouloir nous arrêter à tout prix semblai s'être envolée, et ce en un claquement de doigts.
Je n'avais pas entièrement compris ce qu'il avait avoué. Je me sentais amorphe, comme si mon esprit s'évertuait à vouloir à tout prix tenir le choc. J'avais étrangement besoin d'en savoir plus, la curiosité me rongeait les sangs.
A croire que la guerre qui se déroulait actuellement, si proche de nous, atteignait également l'esprit et le passé de chaque individu.

- L'Ordre hein ? Demanda Ace sans attendre de réponse. Ça me dit quelque chose. T'as de la chance que j'ai pas le temps...d'apprendre à te connaitre si on veut... Ajouta-t-il, un sourire sadique aux lèvres. Maintenant je vais t'envoyer rejoindre certaines de mes vieilles connaissances si tu veux bien. On a autre chose à faire avec...ma soeur... T'en penses quoi ? Demanda-t-il.

- Va te faire foutre !! Espèce de taré de merde !! J'aurais jamais du accepter cette mission... 

- Exactement la réponse que j'attendais. Répondit Ace avec froideur et concentration. 

Ace jeta un coup d'oeil interrogateur à Hétalia, comme pour lui demander si la mort de l'homme la dérangeait. Elle acquiesça, l'air toujours aussi perdu.
Ace retourna la tête vers l'homme, tenant toujours le manche du couteau entre ses mains, retira lentement la lame de son globe oculaire arrachant ainsi un nouveau cri de détresse mêlée à de la douleur à l'homme auquel appartenait le globe oculaire. Il s'agenouilla alors, et murmura à l'oreille de l'homme:

- T'es gaucher ou droitier ?

L'homme leva lentement la tête, essoufflé et semblait se demander pourquoi on lui posait cette question.

- Droitier... Répondit-il.

Ace se redressa alors légèrement et enfonça son couteau dans le coeur de l'homme, avant de lui trancher la gorge, et les deux mains, de façon brutale et sale. Hétalia semblait observer la scène sans vraiment la voir, tandis que les trois pokémons d'Ace tentaient de maintenir les passants trop préoccupés par la guerre à distance. 

Alors qu'Ace léchait les gouttes de sang qui coulaient le long de la lame de son couteau, avant de le ranger, il reprit la parole:

- Faut qu'on bouge. J'ai hâte de voir ce qui se passe avec cette histoire de guerre. Et puis on devra surement parler un peu. Pour cette histoire de frère et soeur là. Mais pas le temps maintenant. Suis-moi.

Ace fit alors signe à ses deux pokémons de le suivre, et se dirigea vers une épaisse fumée qui s'élevait désormais au dessus de la ville, venant de sa bordure. Personne n'avait fait attention aux deux cadavres qui ornaient désormais le devanture de l'hôpital. Heureusement qu'ils se trouvaient dans le quartier pauvre qui n'était pas loin de l'épicentre de l'attaque de Pacou. L'équipe ne mit que quelques minutes, en se faufilant à travers les amas de foule, en bousculant violemment quelques âmes perdues, à déboucher sur la sortie de la ville. Le chaos était magnifique, une vraie beauté aux yeux d'Ace. On pouvait voir au loin deux énormes monstres, probablement les deux légendaires de Pacou se dit Ace. *Comment ils s'appellent déjà ?* Se demanda-t-il. Tant pis, il continua d'observer la scène, Hétalia à sa droite, également fascinée par le spectacle. Une immense armée semblait s'être organisée pour se défendre, mais ça ne suffirait pas pensa Ace. Déjà parce qu'il connaissait la force de Pacou, et parce que désormais, il était avec lui. Il ne savait pas quoi penser de cette association, mais avait donné sa parole, et jusqu'à nouvel ordre, elle était valable.

La première chose à laquelle pensa Ace tout en continuant d'observer le chaos d'un oeil amusé était qu'il voulait rejoindre Pacou au plus vite pour lui parler, et lui demander quel était le but de la manoeuvre. Il regarda Hétalia et lui fit un signe de tête, qu'elle comprit instantanément.

     Je trouvais presque ça étrange qu'un tel spectacle me fascine. La mort et le chaos régnait de toute part, et pourtant, j'y trouvais presque quelque chose de magistral dans tout ça. Nous étions encore à une bonne distance de là où se tenaient les Légendaires, ainsi que ce fameux Pacou. Nous étions sans doute les seules personnes à se rendre à contre-courant de là ou se dirigeaient les gens, dans la panique la plus totale. Ils s'enfonçaient dans la ville, dans le simple but d'éloigner leur perte, qui de toute façon, allait les rattraper tôt ou tard.
Pour le moment, le but était de se diriger vers Pacou. Je me souvenais que Ace voulait le voir, pour lui parler de je ne sais quoi. Je devais avouer que ma curiosité m'y guidait aussi. Même si j'étais moi-même considérée comme un insecte pour Pacou. Je passai alors devant Ace, et me frayai un passage à travers le courant de personnes qui fuyaient et se piétinaient dans le désordre le plus total.
Je cherchai du regard mon Roucanarge. Je ne parvins pas à l'apercevoir à travers l'épais nuage qui recouvrait la totalité des environs. Un nuage de poussières, et sans doute de cadavres.
     A l'aide de Ace, je parvins finalement à me frayer un passage dans la foule. Par l'adrénaline et la tension qui régnait en ces lieux, j'avais rangé toutes mes questions dans un coin de ma tête. Je ne sais pas d'où je tirais mon énergie. Je subissais encore le contrecoup de la nuit passée, et celui d'il y a quelques instants, et pourtant, je tirai encore en moi assez d'énergie pour faire un pas devant l'autre, et ôter de mon chemin les passants qui me bousculaient avec force, manquant de me faire tomber plus d'une fois. Ace et ses deux acolytes m'aidaient à me frayer tant bien que mal un chemin dans cette masse humaine.

     Nous débouchâmes enfin sur l'épicentre véritable de cette guerre. Nous étions postés plusieurs mètres plus loin, dans l'ombre d'une ruelle, afin de prendre le temps d'analyser la situation. Les deux pokémons légendaires étaient gigantesques, à un point tel que j'en eus le souffle coupé. Je n'avais jamais vu de pokémons aussi colossaux . Le premier que je vis fûs Dialga. Sa robe bleutée était couverte d'un sang séché par le temps. A leurs côtés, je reconnus rapidement Dialga, le fameux maître de l'Espace.  Et enfin, sur son dos, je pus enfin voir le mystérieux personnage qui s'apprêtait à raser la capitale d'une Faction elle-même. Pacou.
Je continuai mon inspection du regard, avant de remarquer rapidement que Pacou et Palkia semblaient en difficulté. Ils se faisaient non seulement attaquer dans tous les sens, mais qui plus est, un immense champ de force généré par un nombre de pokémons que je ne parvins pas à compter de tête.
*Protection...*

     J'attirai l'attention de Ace, avant de pointer mon doigt en direction d'un groupuscule de pokémons, qui se tenaient plus loin avec leur maître.

▬ Regarde là-bas. Tous ces pokémons, et sans doute d'autres se tenant aux alentours, ce sont eux qui créent le champ de force qui bloque Dialga et Pacou. Si on en élimine une partie, ça aidera suffisamment Pacou pour qu'il réussisse en fin à passer à travers le champ de protection.

     J'échangeai un simple regard avec Ace, afin de vérifier qu'il ai bien compris ce que je voulais dire. En moins d'une seconde, il s'élança hors de la ruelle, suivi de près par ses deux pokémons, et se dirigea vers le groupe de pokémons dont je lui avais parlé. Je le suivis peu après. Nous étions désormais à découvert, et il n'en fallut pas longtemps pour que nous nous fassions remarquer. Certains comprirent rapidement que Ace cherchait à nuire au barrage monté contre Pacou. Je vis quelques soldats s'élancer en direction de Ace, chose à laquelle je m'étais préparé. Il ne m'en fallut pas moins pour dégainer mon arme, et leur tirer dans les jambes afin de les stopper dans leur élan. J'obtins immédiatement l'effet voulu, lorsque je les vis s'écrouler de tout leur long au sol. Red et Akwakwak se chargèrent bien plus facilement des soldats qui tentaient d'arrêter Ace dans sa manoeuvre. A ce que je voyais, il avait déjà tué suffisamment de soldats et de pokémons pour que le champ de force perde de son essor. Peu à peu, les barrières tombaient, une panique générale gagnait les environs. Nous nous étions peut-être fait trop remarquer, mais tant pis. A la guerre comme à la guerre. Je comprenais plus facilement ce dont Ace m'avait parlé.
     Red et Akwakwak demeuraient néanmoins plus utile que moi pour protéger leur maître. Je rejoignis lentement Ace, m'attirant le regard de nombre de soldats, qui comptaient sans doute s'élancer en masse vers nous. Cependant, une voix puissante s'éleva soudain dans le chaos qui imprégnait les environs. Une voix qui m'arrêta dans mon élan, et qui attira l'attention de d'Ace, qui semblait soudainement ravi, et surtout amusé. Je levai à mon tour la tête, avant d'entendre à nouveau l'écho se répéter.

▬ Héhéhéhé... Pas mal... Ace !